Frostgrave : les rôdeurs de Brrr'wan

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Bonjour à tous,

dans le cadre de la campagne Frostgrave que nous allons relancer dans mon club en septembre, nous avons lancé un CDA (calqué sur le super modèle proposé par Sgt Pepper et avec son aimable accord). Tous les textes et les figurines des participants se trouvent sur mon blog (dont le lien est dans ma signature),j me permet ici de vous relater seulement les textes que j'ai moi-même écrit pour ma bande. En espérant que cela vous plaira et n'hésitez pas à me faire vos retours si vous en avez.

Partie 1 : Nouveau départ


Elle n'avait rien fait, elle n'avait pas dit un mot, elle n'était même pas appréciée par sa propre mère. La société matriarcale et brutale des gnolls marchait cependant ainsi. L’ancienne matriarche, sa génitrice, avait été défigurée, démise de son rang, de son pouvoir et même du droit de rester dans la meute. En tant que fille directe de la déchue, Brrr'wan connaîtrait le même sort. Elle serait exilée et forcée à se réfugier dans un territoire lointain et probablement moins hospitalier. Une forêt, un marais voire pire : une plaine ! La marche n'avait pas été facile, bien que la nouvelle alpha du clan les ai laissé partir, montrant ainsi sa "générosité" et son respect du peu de traditions que possédaient les gnolls, il était certain que le clan leur donnerait la chasse et enverrait "accidentellement" ses prochaines battues dans leur direction. Par chance la brume s'était levée, facilitant leur fuite. D'une certaine façon, elle pouvait se considérer fortunée. Dans certaines tribus de gnolls plus... primitives, les vaincus auraient été simplement dévorés. Dans d'autres se voulant plus... malignes, elles se seraient retrouvées à creuser des galeries, construire des barricades ou toute autre tâche ingrate jusqu'à mourir d'épuisement. Toute chair qui n'est plus utile au clan est soit un repas, soit un esclave... Sa génitrice était plus infecte que jamais, l'accablant de tous les maux, lui reprochant tantôt de ne pas être intervenu, l'instant d'après de l'avoir gêné sans quoi elle n'aurait jamais été détrônée. Elle la tenait même responsable de l'absence de soleil depuis leur départ. Ses sœurs ne valaient guère mieux, le choc les avaient retenues dans les premiers jours, mais l'agitation grondait, chacune jaugeant ses comparses, déterminant laquelle serait la plus grande menace mais aucune ne lâchait des yeux la matriarche, attendant toutes le moment de faiblesse qui signerait leur heure de gloire.

Des huit bannies, elles n'étaient plus que cinq désormais. L'une d'entre elles avait été terrassée par un mal inconnu, une seconde était morte de faim et la dernière avait été froidement abattue par la matriarche alors qu'elle tentait de prendre le contrôle du groupe de femelles. Elles avaient quitté le désert, été chassées des forêts par une harde de centaures, malmenés par un clan gobelin dans les montagnes et, en désespoir de cause, s'étaient retrouvées dans les plaines humaines du sud. Elles avaient encore quelques collines pour se camoufler en journée mais même de nuit aucune d'entre elles n'était sereine à l'idée d'être autant à découvert malgré la pluie qui ne cessait pas. La dernière période de reproduction remontait à bientôt 6 mois. Celles d'entre elles qui étaient enceintes n'allaient pas tarder à mettre bas et la fatigue pesait plus que jamais sur le groupe. Le manque de mâle et l'affaiblissement de la matriarche ne faisaient que renforcer le climat instable de la troupe en fuite. Lors d'une nuit de tempête, les douleurs étaient trop fortes pour que Brrr'wan puisse poser une patte devant l'autre. Alors que chaque autre femelle proposait une option plus terrible que les autres, la violence latente éclata. Crocs et griffes, poignards et armes improvisées, aucune retenue, aucun lien n'empêchait la fratrie de se déchirer tout en tentant d'être celle qui porterait le coup fatal à leur tyran.

Malgré les coups et les blessures, aucune ne parvint à terrasser leur aînée. L'expérience et le vice l'emportèrent sur la force et l'ambition de la jeunesse. Elle se tourna alors vers sa plus jeune progéniture, son seul œil encore ouvert était aussi menaçant que le tonnerre qui grondait derrière elle. La folie l'avait gagné et le seul exutoire à sa peine et à son désespoir était la promesse du meurtre facile et gratuit du bouc-émissaire qu'elle s'était attribué. Elle s'approcha en claudiquant et leva sa lame. Brrr'wan ferma les yeux, ses mains devant son corps blotti en guise de maigre protection. La foudre tonna. Ne sentant pas le métal pénétrer sa chair, elle rouvrit les yeux. La matriarche avait été carbonisée. L'éclair l'avait foudroyée sur place. Incrédule mais soulagée, la jeune gnoll contempla ses mains avec stupeurs, les éclairs dansaient sur ses mains, sautillant d'un doigt à l'autre avant de disparaître vers le ciel.

C'est là que les crampes reprirent de plus belle. Elle sentait la vie du petit être en elle pousser pour se faire sa place. Au prix de trois pénibles heures, elle avait vu sortir non pas un mais deux petites boules de poils noires. Elle arracha quelques frusques à ses défuntes parentes et en recouvrit les marmots. La douleur était passée en arrière-plan, seule comptait la survie de sa tribu. Elle était la matriarche et elle comptait bien surpasser en tout celle qui l'avait martyrisée par le passé. En voyant le ventre rond de ses sœurs, elle sût ce qu'elle devait faire. Elle découpa suffisamment pour en sortir les nouveau-nées. Ils ne bougeaient hélas déjà plus... Elle fit revenir les éclairs entre ses doigts et les fit frapper la poitrine des petits êtres. Deux poussèrent un cri et se mirent à pleurer. Elle les enveloppa eux aussi et serra ses enfants contre elle, les laissant téter. Alors que la peur lâchait son emprise sur son cœur, la pluie et les nuages relâchèrent la leur sur le ciel. En quelques minutes, le temps avait radicalement changé avec ses émotions. Un ciel renouvelé pour un nouveau départ.