C'est Parce Que C'est Noël

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En général à cette période de l'année, j'envoie des trucs gores ou des histoires de sadiques malades mentaux mais il y a des enfants qui lisent parait-il. Au risque de paraître prétentieux, je rebalance donc une très vieille nouvelle qui, bien qu'elle ait été assez peu appréciée à l'époque, reste ma préférée parmi toutes celles que j'ai écrites.


Il y a une dimension indéfinissablement mystique dans cette histoire, je trouve personnellement moi-même mais c'est juste mon avis et vous avez le droit de pas être d'accord et on reste cool parce qu'on est en république quoi alors no problem si c'est pas votre trip. J'enverrai dans un post suivant la fin alternative que j'avais écrite et dont la pertinence avait également été bien discutée mais que je trouve finalement acceptable en la relisant aujourd'hui.


Amusez-vous bien.


SPIRIT BOAR OF THE SNAKEBITE


"Repos messieurs !"


L'homme au visage de bouledogue et à l'uniforme bleu impeccable monta sur l'estrade d'un pas raide pendant que les autres personnes se rasseyaient. Johnson bailla en se penchant vers son voisin.


"C'est le nouveau qui remplace l'autre qui a été exécuté pour incompétence."


"Je suis le général Custer," aboya l'homme sur l'estrade, "ancien officier des tigres rouges de Selusia Prime. Je remplace désormais à la tête des forces armées de Bezak IV le général Tirus qui a été convaincu d'incompétence et exécuté pour ce crime."


"Avec lui, tout va changer," poursuivit Johnson à mi-voix.


"Avec moi, tout va changer !" clama Custer en frappant le bureau du poing.


"Il va mettre les Xénos au pas, c'est sûr..."


"Nous allons mettre la racaille extra-terrestre au pas dans ce système !"


"On commence demain..."


"J'ai étudié l'état des forces de défense planétaire de Bezak IV. Il en ressort..."


"Que nous manquons d'hommes," souffla Johnson.


"... que les stratégies appliquées jusqu'alors sont inadéquates. Le premier problème a résoudre est celui de l'énergie. Bezak IV, du fait d'une politique inconséquente en la matière, a dilapidé toutes ses ressources énergétiques et le gouverneur du segment est las de nous entretenir. Nous avons besoin d'énergie pour faire avancer nos armées et reconquérir les territoires aux mains des peaux-vertes. Et puisqu'il n'y a plus de ressources sur Bezak IV, nous allons en chercher là où il en y a."


Custer déroula une large carte sur le mur.


"Sur la sixième lune."


Johnson se vissait le crâne. A ses côtés, Schteiner pouffa de rire mais le regard de Custer le foudroya.


"Un commentaire sur cette idée colonel Schteiner ? Je serais heureux d'en profiter."


"Général, si je puis me permettre..." Le colonel faisait des efforts désespérés pour reprendre son sérieux. "Nous n'avons jamais pu conquérir Fountainhead. La priorité a toujours été donnée à la reconquête de Bezak IV et nous manquons déjà de soldats et de matériel pour cela. Utiliser des méthodes de destruction massive, biologiques ou nucléaires, est impensable pour des raisons que vous connaissez – parce que si nous souhaitons justement mettre un jour la main sur le sous-sol de cette lune, il nous faudra d'abord y poser le pied. Enfin, Fountainhead est infesté d'orks."


Custer leva un sourcil amusé.


"Je sais tout cela colonel. Mais qui parle d'invasion ? Fountainhead n'est pas une lune; C'est une bombe. Le sous-sol est plein à craquer de pétrole et d'uranium. Les orks n'en ont pas l'usage, il est juste que tout cela nous revienne, non ? Puisque nous ne pouvons prendre toute cette énergie aux peaux-vertes de force, nous allons la prendre à leur insu. Nous allons creuser des puits de forage et des mines, et installer des centrales de raffinement dans cette région."


Il déplia une fine tige d'acier télescopique et pointa le haut de la carte.


"Le nord du continent principal n'est peuplé que par quelques tribus nomades qui ne nous dérangerons pas. Même un nombre très faible de soldats sera suffisant pour assurer la sécurité des chantiers. Un vaisseau cargo de grande taille peut ramener en moins d'un jour sur Bezak une quantité suffisante de matière pour assurer le fonctionnement de nos industries et de nos armées pendant des mois. En organisant, des navettes, nous pouvons rapatrier des quantités colossales de matière."


Johnson se pencha une nouvelle fois vers Schteiner.


"Lui, il va finir exécuté pour incompétence. Fais comme moi, refuse systématiquement toutes les offres de promotion au grade de général."


Custer poursuivait, visiblement très satisfait de lui-même :


"Nous avons décidé de baptiser cette opération ‘Monstre Sous La Mer.’ Elle commence demain et j'en prendrai personnellement la tête."


*


**


Le jour s'était levé. Le lieutenant Gorven parcouru du regard l'étendue morne et désolée de la déprimante plaine d'herbe rase ou aucun ne mouvement ne se profilait. Toutes les conditions étaient réunies pour que la vie s'épanouisse ici, si l'on exceptait le froid intense qui pouvait s'y abattre en hiver. Et pourtant, les seules créatures qui peuplaient encore les lieux étaient de minuscules animaux fouisseurs que l'on apercevait parfois émerger de la terre. Les mastodontes à fourrure brune ou grise que les colons avaient découvert en arrivant trois ans plus tôt avaient étés exterminés ou avaient reflué vers le sud. Etrange écosystème.


Gorven leva les yeux au ciel – mais il n'y avait plus de ciel. Les immenses brûleurs de la raffinerie brandis comme des torches à la gloire de la technologie impériale vomissaient incessamment un torrent de fumée noire et huileuse qui l'obscurcissait. Gorven et ses hommes avaient fini par s'habituer au ronflement régulier des machines et n'y prêtaient plus guère attention.


Un nouveau vaisseau cargo à charger aujourd'hui. Gorven s'étira en songeant qu'il lui faudrait une fois de plus respecter d'inutiles consignes de sécurité pour assurer le bon déroulement de l'opération. Rien ne les menaçait ici mais le règlement ne se discutait pas.


*


**


Sitting Wolf sorti de son tipi alors que Kruzbog sautait au bas de son goret.


"J'reviens d'faire un tour sur la plaine boss. Y a toujours rien à manger et les gars ont faim. Faut qu'on parte vers l'sud ou on va tous crever."


"Y a trois hivers qu'les squiggoths ont disparu d'la plaine. J'voudrais bien savoir pourquoi."


"J'suis allé jusqu'à la passe des champignons. J'ai parlé à Thrugg. Ses gars non pu’ ont pu rien à s'mett' sous la dent."


Sitting Wolf ajusta la lourde peau de loup posée sur ses épaules – il était très fier de ce trophée autrefois remporté de haute lutte sur son précédent propriétaire – et se dirigea vers le centre du campement pour héler un ork à la squig-chevelure ébouriffée et dont les yeux étaient perdus dans le vague alors qu'il triturait nonchalamment un long calumet de bois.


"Bizarboy ! Quand les squiggoths i' reviendront sur la plaine ?"


L'autre tira longuement sur son calumet en dodelinant étrangement de la tête. Puis il commença à frapper ses genoux du plat de ses mains en poussant de petits cris rauques. Le cérémonial dura cinq bonnes minutes avant qu'il ne s'immobilise soudain pour lever un index décharné vers le ciel.


"Les squiggoths partent vers le sud pasqu'i's'ont peur. Les zoms sont v'nus. I' sont v'nus en chevauchant leurs squiggoths d'acier et leurs aig' de fer. I' construisent des villes dans l'nord qui crachent du feu."


Le bizarboy replongea dans sa léthargie et Sitting Wolf partit en se grattant la tête. Alors qu'il retraversait le campement, un bruit de cavalcade le fit se retourner. C'était Rutog qui arrivait sur son goret mécanisé.


"Boss !" Rutog semblait affolé alors qu'il stoppait sa monture enragée pour en descendre en courant vers lui. "J'reviens d'l'est. J'suis allé au camp'ment d’Zoggo comme vous m'l'avez dit pour leur d'mander s'i's'avaient vu des squiggoths. Y a pu personne là-bas ! Sont tous morts ! Crevés que j'vous dis ! I's'ont été attaqué !"


"Par qui ?"


"J'sais pas boss, mais les gars ont fait un drôle de carton. I's'ont tout démoli. Zoggo il a pu d'tête."


Sitting Wolf se gratta pensivement le menton.


"Bon," décida-t-il. "On va un peu aller mater c'qui s'passe dans l'nord. Kruzbog ! ramènes-toi là. Allez m'chercher mon goret. On y va tous les... euh... tous les... euh... trois."


*


**


Sitting Wolf était couché sur l'herbe rase qu'agitait à peine une brise froide. Rutog et Kruzbog étaient étendus à ses côtés.


"Jamais vu un truc pareil boss," murmura Kruzbog.


Ils contemplaient ébahis l'invraisemblable agencement de tours d'aciers, de tubes qui couraient sur le sol, plongeaient dans la terre ou s'élevaient vers le ciel et les gigantesques panaches de flammes qui les dominaient. Sitting Wolf tira de son manteau de cuir brun une longue-vue en cuivre cabossée et piquetée de vert-de-gris qu'il ajusta tant bien que mal en direction du complexe. Ce qu'il vit l'emplit de fureur.


Des zoms ! Ici ! Sur la plaine ! Sur la terre ancestrale des Snakebites ! C'était proprement intolérable. Sitting Wolf était d'ailleurs bien décidé à ne pas le tolérer.


Un curieux ronflement se fit entendre et son volume s'intensifia au point de couvrir le grondement lointain des torches géantes pour devenir un hurlement qui les fit sursauter. L'horizon s'obscurcit soudain. Levant les yeux au ciel, ils virent un mastodonte de métal noir apparaître au-dessus d'eux. Par Gork et Mork, jamais de sa vie Sitting Wolf n'avait vu machine plus colossale ! Sa silhouette régulière masquait le soleil et grossissait alors qu'il s'approchait de la surface de la planète.


L'engin devait mesurer plus de soixante mille pieds de long et semblait devoir écraser la plaine sous sa masse. Sitting Wolf songea un instant qu'ils allaient tous mourir brûlés vifs par la chaleur dévorante de ses réacteurs ascensionnels mais l'engin les dépassa, survola la ville des zoms à plus de cinq mille pieds d'altitude et se posa dans un sifflement suraigu derrière elle. Les trois orks pouvaient encore voir sa forme monumentale se découper à l'horizon, dépassant largement en hauteur les tours cracheuses de feu.


"Mais... mais qu'est-ce qu'i' font boss ?" demanda Kruzbog stupéfait.


Sitting Wolf était bien incapable de répondre. De là où ils se trouvaient, ils ne pouvaient voir les centaines de techniciens s'affairer autour du cargo pour emplir ses soutes monumentales de kérosène.


"On en a assez vu," gronda Sitting Wolf. "Et on r'viendra pasqu'ça va s'passer comme ça."


"Ouais boss, on va pas laisser des zoms v'nir brûler la plaine chez nous. Hein boss ?"


Sitting Wolf s'était déjà relevé pour réveiller son goret d'un fort coup de botte clouté dans les côtes. Les trois animaux parfaitement dressés s'étaient couchés eux aussi sur l'ordre de leurs maîtres et avaient fini par s'assoupir. Chacun enfourcha son destrier et d'une vigoureuse éperonnée, le lança vers le sud, jurant devant le Grand Esprit Sanglier de laver l'affront fait à leur clan.


*


**


Le général Custer entra dans la pièce ou l'attendait déjà Johnson. Il avait l'air fatigué et n'avait pas eu le temps de se raser. Son aspect hirsute le rendait plus antipathique encore.


"Que s'est-il produit colonel ?" demanda-t-il d'un ton las.


"Il y a une semaine, nos hommes sont tombés sur un campement ork qui s'était installé très près des zones d'exploitation. Les peaux-vertes ont été éliminées mais il y a deux jours, d'autres ont attaqué la raffinerie dix-sept, ici..."


Il montra du doigt un rectangle noir dessiné sur la carte de la lune avant de poursuivre :


"Un contact avec les orks étaient inévitable. A présent qu'ils nous ont découverts, il y aura d'autres attaques. La plaine du nord est le territoire de chasse des Snakebites et..."


"Epargnez-moi les détails inutiles; Je me fous de l'ethnie que nous combattons; C'est du Xénos, on extermine, point."


"Euh, oui, pardon mon général. Bref, ce sont des nomades. Ils pourraient tomber sur d'autres sites et les attaquer. L'opération Monstre Sous La Mer se poursuit-elle malgré tout ?"


Custer parut outré.


"Non seulement elle se poursuit mais elle s'amplifie. Les Adeptes du culte mécanique estiment qu'il existe une région particulièrement riche qu'il nous faut investir. Vous avez vu leur rapport ?"


"Oui, c'est la région du Genou Blessé, ici..." Johnson balaya un coin de la carte de la main.


"Le Genou Blessé ?"


"C'est le nom que lui donnent les orks. Cela vient de ce que le chef Grotfang Wuzdakka s'y est autrefois blessé le genou."


"Une bagarre inter-tribale ?"


"Non, une chute de sanglier. Il était ivre."


"Peu importe. Nous installerons une nouvelle raffinerie en cet endroit et le centre de commandement y sera déplacé. Maintenant, il y a une chose que j'aimerais comprendre; Vous décrivez ces orks comme nomades et primitifs. Quelqu'un peut-il m'expliquer comment ils ont pu défaire nos soldats équipés du meilleur matériel militaire ? Et comment ils ont pu se procurer ceci ?"


Custer tendit à Johnson un petit tube d'acier creux. Johnson le prit et l'étudia.


"C'est une douille de bolter..."


"Des centaines de douilles semblables ont été retrouvées à la raffinerie 17 alors que nos gardes utilisent des fusils laser. Regardez le symbole à la base."


Johnson obtempéra. L'acier du tube était gravé d'un aigle à deux têtes et, juste en dessous, d'un nombre à cinq chiffres.


"Quelqu'un peut-il m'expliquer comment ces orks se fournissent en matériel impérial ?"


*


**


Zugrub regardait avec satisfaction ses serviteurs gretchins débarquer du Kosmik Stompa en portant, poussant ou tirant de lourdes caisses de bois. A ses côtés, Sitting Wolf étudiait les allées et venues d'un œil méfiant.


Zugrub cracha le mégot de son cigare, attrapa une pince à décoffrer et arracha d'un mouvement sec le panneau supérieur d'une des caisses.


"Bolters..."


Il passa à la suivante et l'ouvrit de la même manière.


"Chargeurs..."


Il répéta le procédé une nouvelle fois.


"Lance-roquettes..."


"Roquettes..."


"Armes énergétiques..."


"Grenades…"


Kruzbog tapota l'épaule de son chef.


"Sitting Wolf est fou dans sa tête de traiter avec le Blood Axe à la langue fourchue."


Sitting Wolf lui intima l'ordre de se taire et souleva un lourd sac qu'il tendit à Zugrub. Celui-ci l'ouvrit et un rictus carnassier apparut sur son visage à la vue des milliers de dents qui y étaient contenues.


"C't’un plaisir de traiter avec toi grand chef. Alors, on s'le fume ce calumet ?"


*


**


Le goret de Sitting Wolf se cabra en grognant quand celui-ci empoigna violemment ses défenses pour lui intimer l'ordre d'arrêter son avance.


Harbek le mekboy parcourait les rangs des boyz à dos de sanglier suivi par une dizaine de serviteurs gretchin qui peinaient sous le poids de lourds cylindres rouillés. Harbek s'arrêtait devant chaque sanglier pour glisser une bonbonne dans un réceptacle situé au niveau de l'épaule et qui semblait vissé à même les os de chaque bestiole. Puis il enfonçait le tube de caoutchouc qui émergeait du garrot dans le bec métallique. Enfin, il ouvrait une vanne dans un léger sifflement et répétait ses instructions en désignant d'un pouce graisseux le large bouton rouge sous l'oreille.


"Quand t'es à cent mèt' des zoms, t'appuies là."


Le goret de Sitting Wolf eut droit à deux bonbonnes de protoxyde d'azote. Le risque de tuer l'animal était grand mais celui-ci avait déjà montré une exceptionnelle résistance aux diverses toxines chimiques que son maître injectait dans son système sanguin à chaque chasse au squiggoth.


Plus loin sur la gauche, les boyz de Kruzbog vérifiaient leurs bolters ou tapaient du pied en rythme en grondant : "Waah !", "Ork !", "Waah !", "Ork !" Au milieu d'eux, le bizarboy se trémoussait en convulsions comiques et poussait de longs ululements en agitant au-dessus de sa tête un bâton de cuivre chargé de clochettes qui tintaient de manière irritante. Ses vêtements étaient couverts de bave.


A droite, les boyz de Zudkart étaient déjà prêts. Leurs bannières dorsales frappées du symbole des trois serpents flottaient dans le vent glacial tandis que Zudkart lui-même se livrait à une dernière inspection.


Aux côtés de Sitting Wolf, Rutog crachait sur la crosse de son bolter pour l'astiquer en sifflotant.


"Aujourd'hui le Grand Esprit Sanglier mène les Snakebites sur le sentier de la guerre Rutog."


"Ouais boss, on va leur coller la trempe d'leur vie."


Sitting Wolf leva bien haut la main droite. Aussitôt, le silence se fit dans les rangs. Même le bizarboy interrompit sa danse grotesque pour regarder dans sa direction. On n'entendait que le claquement de trois cent bannières dans la brise du matin gris.


Sitting Wolf arma son bolter et le pointa vers les gigantesques bâtiments d'acier qui se découpaient sinistrement dans le lointain.


"Les zoms sont v'nus pour brûler la plaine ! Pour chasser les Snakebites ! Pour tuer les squiggoths ! On va s'laisser virer d'chez nous ?"


"NON !" clamèrent trois cent orks à l'unisson.


"NON ! Pasqu'on est des guerriers ! On est des Snakebites ! Alors on va s'batt' ! QUI ONT EST ?"


"ON EST DES SNAKEBITES !"


"Gork est avec nous ! Mork est avec nous ! Le Grand Esprit Sanglier est avec nous ! QUI ONT EST ?"


"ON EST DES SNAKEBITES ! ON EST LES PU FORTS !"


"CHARGEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEZ !"


*


**


"Encore deux raffineries perdues en un mois." Custer était d'une humeur massacrante. "Nous ne pouvons plus nous permettre de laisser notre pétrole partir en fumée et euh... je veux dire, nous ne pouvons plus nous permettre de laisser nos hommes se faire exterminer sans rien faire. Nous allons contre-attaquer."


"Puis-je vous rappeler mon général," intervint le colonel Schteiner, "vos paroles d'il y a trois ans ? Un nombre minimal de soldats devait être suffisant pour assurer la sécurité des chantiers. Nous devions compter essentiellement sur la discrétion. Nous lancer maintenant dans une guerre ouverte contre les orks seraient de la folie pure et de toutes façons, nous n'avons pas un régiment à affecter sur Fountainhead."


"Ah oui ?" ricana Custer. "Trouvez-m'en trois alors. De l'aviation pour détecter les campements nomades. Des régiments rapides pour les prendre en chasse facilement; motos, cavaliers. Nous allons nettoyer cette plaine."


"Souhaitez-vous que je prenne le commandement des opérations ?"


Cette fois, Custer éclata de rire.


"Surtout pas ! Merci beaucoup. C'est moi qui prendrai la tête des armées envoyées là-bas. Elles partiront avec le prochain convoi."


Schteiner sortit. Johnson l'attendait à l'extérieur de la pièce.


"Ne dis rien ; Il veut nettoyer la plaine ?"


"Gagné."


*


**


Sitting Wolf tendit un poing rageur vers les oiseaux de fer quand ils passèrent loin au-dessus de sa tête dans un grondement sourd. Quelques-uns de ses boyz levèrent leur bolter pour lâcher une rafale inutile dans leur direction.


L'hiver touchait à sa fin et la fine pellicule de neige qui s'étendait encore sur la plaine disparaissait progressivement. Mais cette année encore, les squiggoths n'étaient pas revenus. La nourriture se réduisait pour les snakebites de la plaine aux quelques squigs fouisseurs qu'ils parvenaient à capturer quand ceux-ci émergeaient imprudemment du sol gelé. Le moral des boyz était au plus bas et Sitting Wolf était de fort méchante humeur. Plus que de voir ses guerriers mourir de faim, plus que la honte d'avoir du fuir loin vers le sud poursuivi par des armées de zoms montés sur de bruyants engins de métal ou de hideux animaux aux pattes maigres et au groin plat, ce qui l'écœurait était le spectacle qui s'offrait à ses yeux.


Le camp de Mothrugg avait été proprement rasé. Les tipis de peaux soigneusement peintes n'étaient plus que des cendres; Les totems à l'effigie du Grand Esprit Sanglier étaient à bas. Les corps de centaines de valeureux boyz jonchaient le sol. Nombre d'entre eux avaient la cage thoracique défoncée comme si une charge explosive y avait détonné.


C'était là le huitième campement snakebite que Sitting Wolf découvrait dans pareil état de désolation. Screaming Squig était mort avec le reste de sa tribu près de la passe des serpents. Gordrozz s'était laissé surprendre lui aussi, plus loin à l'ouest. Les gars de Thrugg étaient tous morts aux pieds des collines de Mork. Seul Raging Bull avait semble-t-il opposé quelque résistance aux hommes avant de périr lui aussi. D'autres tribus que Sitting Wolf ne connaissait pas avaient vu leurs boyz exterminés jusqu'au dernier par les zoms.


Sitting Wolf tira la crinière de son goret en se demandant quelle place Morthrugg occupait à présent au sein de l'équipage du Grand Gargant Ethéré. Sûrement une place de choix tant il était évident que le chef ork était mort en brave, peut-être artilleur d'un canon de très gros calibre ou même servant sur la passerelle de commandement auprès de Gork et Mork eux-mêmes. Pas dans la soute avec les gretchins en tous cas.


Il fut interrompu dans sa réflexion par Kruzbog qui avait amené sa propre monture près de la sienne :


"Faut faire quequ'chose boss. On va finir par êt' les derniers gars en vie sur la plaine et les zoms nous chop'rons aussi. Pi' alors on rigol'ra pas. I' sont nombreux et pi' rapides aussi. Et on peut rien cont' les oiseaux d'fer. Moi, j'crois qu'faut leur foncer dans l' lard et…"


Sitting Wolf l'interrompit d'un geste de la main. Il humait l'air et ses yeux étaient inquiets. Derrière eux, le bizarboy s'agitait en hoquetant. Les sangliers étaient nerveux, retournant en grognant la tourbe glaciale de leurs sabots cloutés. Le vent portait jusqu'à leurs oreilles un léger vrombissement qui s'intensifiait, devenant un rugissement au moment ou ils virent apparaître à l'horizon un épais nuage de fumée.


"C'est les zoms !" glapit Rutog.


Sitting Wolf essayait d'évaluer leur nombre. Saisissant sa longue-vue, il l'ajusta dans la direction du nuage. Les zoms étaient plus nombreux qu'eux, c'était évident, et montés sur ces étranges montures d'acier sans pattes plus rapide que leurs propres gorets.


Sitting Wolf parcourut le paysage du regard. Quelques kilomètres plus loin sur leur gauche, commençaient les vastes forêts de conifères qui marquaient la fin de la plaine. Que faire ? Tenter de faire face à leurs poursuivants ? Aussi brave soit-il, Sitting Wolf n'était pas assez stupide pour ignorer que sa peau était moins dure qu'une balle. Fuir et tenter de rallier les sous-bois dont la densité interdirait peut-être aux zoms de les suivre ? Cette idée le faisait bouillir de rage.


Poussant un hurlement de frustration, il éperonna violemment sa monture et la lança vers la masse sombre de la forêt, immédiatement imité par ses boyz. Derrière eux, les motards en livrées bleues de la Garde Impériale s'étaient lancés à leurs trousses dans un roulement de tonnerre, comblant inexorablement la distance qui les séparait des snakebites. Ils furent à portée de tir des derniers d'entre eux alors que la frondaison des arbres était encore à plus de deux kilomètres de Sitting Wolf et une série ininterrompue d'explosions retentit alors qu'ils ouvraient le feu. Des dizaines de boyz qui fermaient la marche furent déchiquetés par les munitions explosives ou jetés au sol alors que leur monture périssaient dans de pitoyables beuglements de douleur. Se voyant perdus, quelques-uns s'arrêtèrent pour tenter de riposter mais furent abattus tout aussi proprement sans avoir eu le temps de dégainer leurs armes.


Sitting Wolf enfonça d'un poing rageur le bouton rouge sous l'oreille de son goret. Rutog et les autres nobz de sa suite firent de même. Les animaux se cabrèrent alors que leurs yeux s'injectaient de sang et qu'une écume épaisse et verdâtre apparaissait à la commissure de leurs babines. Soudain rendus fous par la violence des toxines, ils reprirent leur course en ligne droite à une vitesse décuplée pour atteindre les premiers arbres au moment où les zoms arrivaient sur eux. Les gorets se jetèrent sur la muraille de branchages entrelacés, écrasant les buissons denses sous leur charge aveugle, inconscient du danger qu'ils couraient, eux et leurs cavaliers.


Le goret de Sitting Wolf dérapa soudain sur une flaque de boue gelée et chuta lourdement. Le chef ork fut projeté au sol et sa tête heurta violemment une racine.


Les bruits d'explosion se firent soudain lointains. La cime des grands pins tournait sur elle-même alors que Sitting Wolf levait son regard vers eux. Puis sa vue se brouilla et tout devint noir.


*


**


La première sensation que Sitting Wolf ressentit en revenant à lui fut le contact du liquide brûlant qui inondait sa gorge. Penché sur lui, Rutog versait entre ses crocs le contenu d'une outre rebondie.


Sitting Wolf se redressa en toussant et regarda autour de lui. Sa mémoire quelque peu brouillée par le coup qu'il avait reçu sur la tête et les effets de l'eau-de-feu qu'il venait d'ingurgiter se réveilla à la vue des larges troncs qui l'entouraient. Les sous-bois étaient plongés dans la pénombre et les zoms avaient disparus. Les nobz de sa retenue l'entouraient.


"Z'avez l'crâne dur boss," fit Rutog. "On a cru qu'z'étiez claqué. J'ai même cru qu'j'étais l'boss à vot' place mais Zudkart disait qu'c'était lui. Alors j'vous ai réveillé pour qu'vous disiez à Zudkart qu'il est bête est qu'le boss maint'nant c'est moi."


Sitting Wolf ne prêta pas attention aux paroles de son lieutenant. Quelque chose le troublait alors qu'il parcourait du regard l'assemblée des boyz assis sur le sol. Aucun calcul n'était nécessaire.


"Combien qu'i' nous manque de gars ?" demanda-t-il hébété.


"Un paquet boss. Tous ceux d'Kruzbog y sont passés. Kruzbog i' peut pu viv' pa'squ'il a un gros trou dans l'bide maint'nant. La moitié des gars d'Zudkart et la moitié des miens. On est plus beaucoup…"


"Eh boss, matez c'que j'ai trouvé dans l'bosquet !"


Un des boyz de Zudkart approchait hilare, portant à bout de bras comme un vulgaire paquet un gretchin famélique aux vêtements déchirés et boueux qui se débattait piteusement. Il le lâcha devant le chef Snakebite.


"T'es qui toi ?" gronda Sitting Wolf. Qu'est-ce tu fous là tout seul ?"


Le gretchin se redressa et tenta avec assez peu de succès d'arborer une attitude digne.


"Moi c'est Hukit. On était d'la bande à Red Squig qu'est l'plus grand chef d'la plaine" – Sitting Wolf faillit l'interrompre d'une violente taloche pour lui révéler que le plus grand chef de la plaine, c'était lui, mais il se sentait encore un peu fatigué. Il laissa le gretchin poursuivre – "Les zoms nous sont tombés d'ssus y a deux lunes au sud d'la passe des nuages. On s'est bien battu et on en a tué des centaines ou p't'êt' même des millions, j'sais pu'. En tous cas, on en a tué plein avant qu'i' brûlent tout et qu'i' nous chopent. Au lieu d'nous crever aussi, i' nous ont emm'né dans l'nord pour travailler dans les villes qui crachent du feu. Mais on est des malins et y a une lune, on a réussi à s'tirer. On a traversé la plaine pour v'nir s'planquer dans la foret. Euh… les aut' i' sont tous morts."


"Les aut' sont tous morts hein ?" songea Sitting Wolf. Inutile de demander à Hukit quelle nourriture il avait absorbé durant sa longue traversée de la plaine. Le chef ork réfléchit longuement avant de questionner à nouveau le petit peau-verte :


"C'te ville ou tu travaillais, elle est comment ?"


"Red Squig disait qu'c'est la plus grande qu'les zoms ont construit sur la plaine. C'est au Genou Blessé, après la passe des serpents. C'est vachte grand."


Ainsi les zoms ne se contentaient plus de tuer les orks, de ravager leurs campements et de piller leurs biens. Ils allaient jusqu'à réduire leurs grots en esclavage pour les forcer à travailler dans leurs villes de métal et de feu. Pire, ils avaient profané la terre sacrée des anciens au Genou Blessé. Cette fois, c'en était trop. Jamais Sitting Wolf ne s'était senti aussi outragé dans sa fierté de Snakebite.


"Rutog !" décida-t-il soudain. "Prends trois d'tes boyz et vas vers le nord-ouest. Toutes les tribus qu'tu rencontres, tu leur dis d'me r'trouver dans une lune au bois du Serpent à Deux Têtes, au sud du Genou Blessé. Zudkart ! Tu vas vers le nord-est et tu fais pareil. Vous trois là ! Vous allez vers la passe des nuages et vous faites pareil. Vous trois ! Pareil en direction des collines de Mork. Les aut' vous v'nez avec moi. Hukit va nous montrer où est c'te ville."


Hukit n'exprima qu'un enthousiasme modéré à l'idée de retourner au Genou Blessé.


*


**


Caché derrière un rocher, son antique longue vue de cuivre rivée à l'œil gauche, Sitting Wolf étudiait patiemment l'incroyable agencement de tubes de métal et de bâtiments cubiques qui s'étendait sur des dizaines de kilomètres carrés. Hukit n'avait pas menti ; Cette ville était assurément la plus grande de toute la plaine. Des dizaines de torches lancées vers le ciel y déversait un torrent de fumée huileuse aux côtés de hideuses tours qui, à cette distance, semblaient faites d'un assemblage régulier de brindilles noires collées les unes aux autres.


Chaque soir depuis maintenant dix jours, Sitting Wolf venait observer ce spectacle démentiel à la fois fascinant et repoussant pour chercher un point faible dans les structures noires. La ville était bien gardée : Au moins… au moins… beaucoup de zoms la défendaient en permanence. Imprenable sûrement pas. Elle était construite au centre d'une gigantesque cuvette naturelle qui marquait la frontière sud du Genou Blessé. Une pente abrupte de terre meuble descendait jusqu'à sa surface intérieure tapissée d'herbe grasse.


Sitting Wolf recula en rampant de quelques mètres avant de se relever et de courir jusqu'à son goret vautré sur le sol. Il le réveilla brutalement l'enfourcha et partit au galop vers le bois du serpent à deux têtes.


Les chefs de toutes les autres tribus snakebites de la plaine l'attendaient autour du feu qui crépitait doucement au centre de la clairière. Alors qu'il descendait de sa monture d'un bond, il constata avec joie la présence d'un nouveau venu; Un ork puissamment charpenté au visage couturé de cicatrices venait à sa rencontre.


" J'croyais qu'les zoms t'avaient eu à la passe noire !"


"I's ont essayé mais l'aurait fallu qu'i' soient pu balaiz' qu'ça pour avoir Raging Bull ! J'suis l'boss le pu fort d'la plaine et c'est pas des zoms tout mous qu'i m'feront la peau !"


Sitting Wolf renonça à rappeler que c'était lui le boss le plus fort de la plaine et chacun serra l'avant-bras droit de l'autre selon le salut rituel Snakebite. Raging Bull reprit :


"Maint'nant qu'on est tous là, on va leur botter l'trai à ces zoms ?"


"Ah non !" intervint le vieux Black Cloud. "Faut d'abord déterrer la grande hache de guerre. Sinon mauvais présage pour les Snakebites !"


"Elle est où c'te hache ? J'me souviens qu'on l'a enterré dans c'te bois après avoir collé une raclée aux Bad Moons mais c'était y a longtemps…"


Raging Bull suivi les autres chefs à travers la forêt, traversant les rangs des dizaines de boyz qui s'étaient discrètement installés là au cours des dernières semaines. A chaque arbre, un ou plusieurs sangliers étaient attachés par une longe de chanvre. Tout en marchant, Sitting Wolf expliquait d'un ton réjoui :


"On a des centaines de gars ici. Encore plein dans l'bois du sabot à l'Ouest. Et dans l'bois feuillu d'laut' côté d'la cuvette. Partout autour du Genou Blessé. Les zoms s'méfient pas et les oiseaux d'fer nous voient pas du ciel. On a réussi à s'planquer tout autour d'eux sans qu'i's y voient rien !"


Ils arrivèrent devant un trou de plus de dix mètres de diamètre et de deux mètres de profondeur qui s'ouvrait au beau milieu des arbres. Au fond de celui-ci, des dizaines de gretchins s'activaient avec des pelles, des pioches ou parfois de simples bâtons pour retourner le sol et rejeter la terre au-delà de ses limites.


"Alors ça vient c'te hache tas d'fainéants ?" aboyait parfois un fouettard qui observait le travail de ses serviteurs les bras croisés et adossé contre un grand chêne.


Une pioche heurta soudain quelque chose de métallique.


"J'l'ai trouvé !" piailla le gretchin au bout de la pioche. "C'est moi qui l'ait trouvé ! J'ai droit à une ration d'squig supplémentaire !"


"Bon présage," affirma doctement Black Cloud en levant l'index.


Sitting Wolf attrapa l'objet souillé de boue que lui tendait le grot et l'examina. C'était bien l'antique hache de guerre des Snakebites, reconnaissable à l'inscription "Made on Taïwan Secundus" gravé sur son manche. Il pressa le bouton noir qui l'ornait; Un éclair bleuté parcourut la lame.


"Waagh !" s'extasia-t-il. "La grande hache de guerre est déterrée ! On va botter l'train des zoms ! Demain j'mènerai l'attaque !"


Raging Bull s'étrangla.


"Pourquoi qu'tu commanderais Sitting Wolf ? C'est moi l'pu fort ici !"


"Impossib', c'est moi," fit sèchement remarquer Thunder Squig.


"Non moi !"


"Moi !"


"Plutôt moi !"


Aucun des orks présents n'étant d'accord pour déterminer à qui reviendrait l'honneur de diriger les boyz sur le sentier de la guerre, il fut décidé de procéder à une élection que Sitting Wolf remporta brillamment au plus grand nombre de coups de poings distribués.


"Bon d'accord boss," grommela Black Cloud en massant son nez ensanglanté. "On attaque à l'aube ?"


*


**


Dès la fin du conseil de guerre, des messagers furent envoyés tout autour de la cuvette du Genou Blessé pour prévenir secrètement les boyz des tribus cachées ailleurs qu'au serpent à deux têtes de ce qu'il était convenu de faire.


Sitting Wolf arpentait les sous-bois d'un œil inquisiteur, surveillant les boyz qui consommaient trop d'eau-de-feu au prétexte de se donner du courage et vérifiant la motivation des troupes. Les braves paraissaient prêts à se battre; Ils étaient surexcités, se défiant déjà pour savoir qui ramènerait le plus de scalps oomies ou se livrant à des concours de forces pour démontrer leurs capacités guerrières. L'attitude des bizarboyz assemblés autour du feu s'en ressentait. Gavés de l'énergie psychique qui les abreuvait, ils se contorsionnaient convulsivement en poussant des grognements sourds, bavant ou frappant le sol de leur bâton de cuivre, appelant les snakebites à la guerre de leur danse frénétique. Ce spectacle réchauffa le cœur de Sitting Wolf.


Un peu plus loin dans la clairière voisine, régnait une tout autre ambiance : Quelques jeunes stormboyz contestataires au squig-cheveux longs improvisaient un concert de ’eavy metal, scandant des hymnes rageurs au milieu des boyz qui se trémoussaient imbécilement et reprenaient en chœur le refrain de Return of the Warboss.


<i>Time to burn !</i>


You beekies better learn !


No one can stop our sacred ride !


We do just what we please,


Riding cyboars made of steel !


We're here to burn up the night !


Sitting Wolf n'appréciait guère ces sonorités discordantes qui faisait affront selon lui aux préceptes du mode de vie traditionnel snakebite et au Grand Esprit Sanglier. Il appréciait encore moins de voir les mœurs de la jeunesse de son clan ainsi dissolues dans la fange insipide et ultra-violente de la sous-kultur goffik. Mais les boyz semblaient s'amuser. Sitting Wolf s'éloigna en haussant les épaules tandis que les stormboyz enchaînaient déjà sur Spirit Boar of the Snakebite. Le chanteur visiblement imbibé d'eau-de-feu s'égosillait dans le micro tandis que son collègue semblait bien décidé à réduire à l'état de ferraille ses cymbales de bronze tant il consacrait d'énergie à les battre tout en faisant de grands mouvements de la tête pour faire tourner autour de lui ses squig-cheveux.


Sitting Wolf craignit un instant que toute cette agitation ne finisse par attirer l'attention des zoms mais se rassura aussitôt : Le vent leur était favorable et l'on ne voyait plus que très rarement un oiseau de fer croiser dans le ciel; Sans doute les zoms se croyaient-ils définitivement débarrassés de leurs ennemis.


<i>There has been much killing !</i>


There will be much more !


The weirdboy is dancing,


He's calling us to war !


Bolters sing with pride !


Let the oomies diiiiie !


*


**


L'enseigne salua en entrant dans la pièce.


"Repos. Quoi de neuf ?"


"Rien, comme d'habitude mon capitaine. Tout est calme sur la plaine. Le régiment du général Custer devrait être revenu très bientôt."


"Je pense de plus en plus que l'armée n'a plus rien à faire sur cette lune. On a fait notre part du job en nettoyant ce pays."


Il alluma une cigarette et désigna la carte agrafée au mur :


"Cette région est extraordinairement riche en pétrole. Nous en sommes presque à un convoi par jour et les ingénieurs de l'Adeptus affirment que la production peut être doublée. Ce site va encore être agrandi saviez-vous ?"


Il s'étira en baillant et alla ouvrir la porte. Admirer le soleil de Bezak se lever sur cette région verdoyante le mettait toujours d'humeur joyeuse. Avançant sur le perron du petit poste de garde qui constituait ses appartements, il leva le regard vers l'horizon et les limites de la cuvette dont la gigantesque raffinerie occupait le centre.


La cigarette glissa de ses lèvres.


Une foule innombrable occupait le sommet du talus à près d'un kilomètre de lui. Des milliers d'orks montés sur des sangliers étaient assemblés dans un silence de mort et lui faisaient face. A cette distance, le capitaine ne pouvait voir que les centaines de bannières multicolores flotter dans la brise matinale mais il eut pourtant juré que les peaux-vertes l'observaient lui, prêts à bondir sur lui au moindre signe.


Il se ressaisit en voyant un soldat accourir vers lui.


"J'ai vu, pas la peine de me faire un rapport," articula-t-il. "Ne… Ne me dites pas que nous sommes encerclés ?"


"Si mon capitaine, ils sont partout autour de nous !"


La panique s'empara de l'esprit de l'officier; Il ne disposait pas de plus de deux cent hommes pour défendre la raffinerie. Sans la cavalerie de Custer, ils ne pouvaient espérer résister très longtemps à pareille marée.


"Ou est l'astropathe ! Allez le chercher ! Enseigne, la radio ! Alarme générale ! Tous les hommes à leur poste dans une minute ! VITE !"


Autour de lui, la machine de guerre impériale se mettait en marche. Il leva de nouveau les yeux vers les orks.


Pourquoi n'attaquent-ils pas ?


*


**


Sitting Wolf brandit bien haut sa bannière pour faire taire les derniers murmures qui parcouraient les rangs. Même les sangliers semblaient retenir leur souffle pour écouter la harangue du chef. Les boyz les plus éloignés ne pourraient l'entendre mais c'était sans importance.


"On est des snakebites !" cria-t-il d'une voix puissante. "On est des chasseurs ! Et maint'nant c'est les zoms qui nous chassent !"


Un grondement de colère sourde parcourut la foule.


"BEN C'EST TERMINE ! On va montrer aux zoms qu'c'est nous les vrais maîtres d'la plaine ! C'est terminé maint'nant, ici au Genou Blessé ! On va fout' le feu à leur ville noire ! On va leur botter l'train pasqu' ici ON EST CHEZ NOUS !"


Une immense clameur salua ces paroles mais le silence revint presque aussitôt sur un geste de Sitting Wolf.


"Vous êtes des Snakebites ! Des braves ! Alors montrez aux zoms qu'les snakebites s'laisseront JAMAIS chasser d'la plaine !"


Une nouvelle clameur retentit quand il brandit la grande hache de guerre vers le soleil levant.


"PAR GORK ! PAR MORK ! PAR LE GRAND ESPRIT SANGLIER !"


Il inspira profondément.


"A L'ATTAAAAAAAAAAAAAAAAAAQUE !"


Tous les officiers de l'état-major restèrent interdits devant l'incroyable majesté du torrent vert qui dévalait les flancs du talus dans un énorme nuage de poussière et un hurlement guerrier repris par des milliers de voix rauques. Mais aucun d'entre eux ne pu contempler ce que contempla l'astropathe quand, après être tombé au sol dans un cri de douleur causée par la terrible onde de choc psychique générée par la fureur des orks, il releva les yeux pour voir charger au-dessus de la masse grouillante qui fonçait sur eux la silhouette ectoplasmique cyclopéenne d'un sanglier à la fourrure noire et aux yeux rougeoyants chargés de haine dont les sabots monumentaux faisaient trembler la terre et dont l'échine déchirait le ciel.


"Le grand esprit…" gémit-il.


Une sonnerie de clairon retentit au loin. Le capitaine attrapa ses jumelles et les ajusta dans la direction d'où venait le son. Des milliers de cavaliers impériaux arrivaient dans leur direction, coupant la retraite aux orks. La vue des uniformes d'un bleu pimpant et de son chef chargeant à leur tête, sabre énergétique au clair, gonfla son cœur d'espoir.


"Custer ! Nous sommes sauvés !"


La fin alternative donc.


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Faisant tournoyer autour de lui la grande hache de guerre des snakebites dans un flamboyant ballet d'énergie bleutée, Sitting Wolf se taillait un chemin d'organes déchiquetés à travers la mêlée tournoyante des cavaliers orks et humains pour traverser la prairie dont l'herbe devenait progressivement rouge du sang des combattants. Bras, jambes, têtes, pattes des chevaux hennissant de douleur, tout ce qui passait à portée des coups du chef de guerre était impitoyablement découpé sans même que ses infortunées victimes ne puisse dignement consacrer leur dernier souffle à maudire leur némésis tant il était vrai que ce dernier couvrait sous ses beuglements de haine et ses imprécations dont la vulgarité auraient fait rougir un space marine même le bruit des explosions des lances de chasse et des bolts qui fusaient autour de lui. A sa suite, les nobz qui composaient sa garde personnelle l'imitaient, visiblement décidés à débiter en quelques heures plus de viande hachée qu'ils ne pourraient en consommer en toute une année.


Le Genou Blessé n'était pas un champ de bataille ; C'était un abattoir, une boucherie aux dimensions d'une plaine. En quelques minutes, il était devenu impossible pour les généraux des deux camps d'organiser leurs troupes de quelques manière que ce soit. La mêlée était si dense que chacun ne combattait que pour sa propre survie, sourd aux ordres des officiers résignés, frappant en tous sens tandis que les montures rendues folles par le carnage se piétinaient, grondaient et se cabraient, écœurées par l'odeur inhabituelle d'animaux inconnus. On frappait en tous sens, faisait feu au hasard pour abattre à bout portant indistinctement humanoïdes et quadrupèdes, délivrant aveuglement la mort pour tenter vainement de s'extirper d'une déferlante de chair et de rugissements dont on ne distinguait même plus s'ils étaient émis par des armes ou par des cordes vocales sous l'effet de la douleur et de la rage. Le bruit était assourdissant.


La grande hache de guerre se coinça entre deux côtes quand Sitting Wolf la lança avec force dans la cage thoracique d'un cheval qui s'écroula sur le sol, écrasant sous sa masse l'infortuné cavalier. Sitting Wolf glapit de dégoût mais renonça à récupérer son arme : Un autre adversaire se présentait déjà à lui, le chargeant lance baissée. Sitting Wolf esquiva lestement le coup et, alors que son agresseur le dépassait, dégaina son épée courte pour la planter violemment dans la croupe de son destrier. Celui-ci tomba à son tour avant d'être impitoyablement achevé au sol par Ushkrab.


Les zoms se battaient bien, c'était indéniable ; Leur courage et leur discipline imposaient le respect tandis qu'ils pulvérisaient jusqu'au squelette les corps des braves des charges explosives montées sur leurs lances ou tranchaient leurs membres de larges moulinets d'épées tronçonneuses maculées de sang. Les uniformes bleus, les casques de métal qui gardaient leur tête et leur nuque et les lunettes protectrices fumées qu'ils portaient leur conféraient même un aspect martial intimidant.


Mais Sitting Wolf était un snakebite ; un guerrier, brave parmi les braves ; et il ne craignait, ni homme ni bête née de ce monde ou d'un autre. Plus il appréciait la valeur de ses adversaires, plus il était décidé à redoubler de férocité et de hargne pour prouver la supériorité du peuple de la plaine sur ses occupants illégitimes. Loin de s'essouffler dans cette mer de violence et de fureur, ses boyz sentaient comme lui leur énergie combative décupler dans la vision que leur inspirait le Grand Esprit, celle d'une plaine enfin ramenée dans sa dignité ancestrale et purifiée des infâmes intrus à peau rose venu indûment profiter des bienfaits de cette terre.


Les bizarboyz étaient définitivement devenus fous à lier ; Les cerveaux incapables de contenir pareil bouillonnement d'énergie mentale s'en déchargeaient dans de véritables tornades d'éclairs multicolores qui carbonisaient sur pieds indistinctement sangliers, chevaux, orks et humains. Un grand nombre d'entre eux périrent la crâne pulvérisé, faute d'avoir pu le dissiper à temps, faisant subir un sort semblable à leurs malheureux congénères restés trop près quand le choc en retour psychique était de trop grande ampleur.


Custer était toujours en vie et lui non plus ne déméritait guère dans la tourmente ; Son sabre énergétique virevoltait furieusement dans les airs, frappant inlassablement la horde vociférante des peaux-vertes qui tentait de le submerger dans un nuage liquide de sang dont son cheval et lui-même étaient désormais ruisselants, jurant devant l'Empereur éternel que la racaille extra-terrestre serait anéantie et que même d'abord c'est eux qui avaient commencé.


La pointe d'adamantium du bolt perfora le crâne du sanglier et, très certainement guidé par le Star Child en personne, parvint à trouver une route vers la boule de nerfs à l'extrémité de l'échine qui tenait lieu de cerveau à l'animal. Celui-ci s'effondra dans un grognement sourd, projetant au sol Sitting Wolf qui atterrit tête la première dans une mare de fluides organiques divers aux couleurs et à l'odeur suspectes. Il allait se relever quand le vrombissement sourd d'une chaîne de tronçonneuse siffla à ses oreilles, l'obligeant à replonger. Dans le même mouvement, il roula sur lui-même pour éviter les sabots d'un cheval qui s'apprêtait à le piétiner et parvint enfin à se remettre sur ses jambes.


Le coup suivant le fit trébucher ; un soldat humain arrêté à sa hauteur et qui tenait d'une main les rênes de son cheval, abattit de l'autre le fer de son sabre dans sa direction. Les réflexes foudroyant de Sitting Wolf ne sauvèrent cette fois que sa vie et sa rage rancunière fut portée à son paroxysme quand il constata que le garde, non content de lui avoir soutiré la moitié de son oreille gauche, avait également réduit en lambeaux sa magnifique peau de loup ; L'insolent mourut en même temps que son cheval après que Sitting Wolf eut arraché de ses crocs la gorge de chacun.


La mort de ce dernier adversaire ouvrait enfin une route vers la cité cracheuse de feu au chef snakebite ; Il se rua en avant, croisant au passage un officier impérial dont la cuisse fut aussitôt clouée à la cage thoracique de sa monture par une lame d'un pied de long. L'homme hurla.


Sitting Wolf abandonna ainsi sa dernière arme au moment ou il dépassait l'angle du premier bâtiment ; Ceux-ci étaient constitués d'une matière grise étrange dont l'ork savait qu'elle était une sorte de pierre liquide qui durcissait en séchant à la manière de la boue, mais pour un résultat infiniment plus solide ; Inutile donc de chercher à s'y attaquer. Il poursuivit sa course jusqu'à une large place rectangulaire occupée par de hideuses machines de fer toutes identiques, constitués d'un montant planté dans le sol – voir la terre de la plaine pareillement mutilé souleva une fois de plus le cœur traditionaliste du snakebite – et d'un puissant levier qui se balançait paresseusement de haut en bas dans un cliquetis constant mais rendu à peine audible par le vacarme du massacre qui se déroulait à quelques centaines de mètres de là.


Un tir d'arme automatique obligea une fois de plus Sitting Wolf à se jeter au sol. L'homme paya cher son erreur de tir : Avant même d'avoir pu entamer l'ébauche de raisonnement qui l'aurait conduit à envisager l'éventuelle possibilité de faire feu une nouvelle fois, Sitting Wolf s'était remis d'aplomb et rué sur lui pour défoncer sa boîte crânienne d'un coup de poing si puissant que la bague de cuivre en forme de serpent lové imprima une marque définitive dans la tempe du gêneur.


Sitting Wolf revint vers les machines en fouillant dans la poche de son manteau ; Il en tira une poignée de petits disques de métal. Qu'avait dit le Blood Axe quant à l'usage de ces armes ? Aucune importance. Sitting Wolf les jeta de toutes ses forces au pied du premier balancier, tourna les talons et commença à courir aussi vite que ses jambes le lui permettaient.


Il avait repassé l'angle du premier bâtiment quand une série de déflagrations se fit entendre derrière lui, immédiatement complétée par une dernière beaucoup plus puissante. Sitting Wolf accéléra encore et franchit le périmètre de la cité alors qu'une trombe cyclopéenne de flammes se ruait vers le ciel dans un rugissement infernal. L'air sembla presque instantanément s'épaissir et la chaleur du brasier devint perceptible même aux combattants les plus éloignés des abords de la ville. Un calme irréel s'était, en une fraction de seconde, abattu sur la prairie. N'eussent été les chevaux et les sangliers pour continuer de piétiner rageusement le sol ravagé et se cabrer en hennissant ou grognant, le spectacle de la mêlée chaotique serait soudain devenu une nature morte : Tous les yeux ébahis, orks ou humains étaient braqués vers le geyser de feu et la colonne de fumée huileuse qui s'élevait à des kilomètres de haut.


Un des hommes qui combattaient auprès de Custer attrapa soudain l'épaule de ce dernier. La terreur se lisait sur son visage.


"Les réserves ! Mon général, si le feu se communique aux citernes on y passe tous !"


Des orks, ce fut le vieux Black Cloud qui se ressaisit le premier. Mais avant de passer à l'action – car sa sagesse était à la mesure de son grand âge – il prit consciencieusement le soin d'abattre de toute la force de ses bras épais et noueux le fer de son marteau de guerre sur la tête de l'humain le plus proche pour impulser à la cervelle aplatie une gracieuse trajectoire en cloche qui l'expédia vingt bons mètres plus loin. Alors seulement il se dressa sur son sanglier en inspirant profondément et hurla de toute la puissance de ses poumons :


"ON FOUT L'CAMP !"


Le chaos qui s'ensuivit était indescriptible. Profitant de la surprise de leurs adversaires, les orks se dégagèrent du corps à corps général pour lancer les sangliers dans une charge furieuse, renversant sur leur passage humains et chevaux ; Ceux-ci ne tentèrent en rien de les arrêter ; La panique s'était emparée de l'armée impériale au moment où les soldats avaient pris conscience de la situation et les cavaliers en uniforme bleu cherchaient eux aussi à mettre la plus grande distance entre eux et la raffinerie. Personne n'eut le temps de faire cent mètres avant que l'incendie ne se propage à une seconde pompe qui se désintégra comme la première pour donner naissance à une autre colonne de flammes et de fumée qui rendit l'atmosphère définitivement irrespirable. Une troisième la suivit bientôt.


Sitting Wolf courait toujours ; Avisant un boy qui avait les plus grandes peines à maîtriser son goret surexcité par l'odeur âcre de la fumée qui se déversait à présent sur la prairie, il courut vers lui et attrapa une défense de l'animal.


"C'est pas comme ça qu'on les dresse !" cria-t-il pour se faire entendre.


D'une puissante traction de son bras, il obligea le sanglier à le regarder puis lui infligea une telle gifle sur le museau que la bestiole stupéfaite retrouva son calme. Sitting Wolf l'enfourcha d'un bond, intimant au boy de se cramponner à lui. D'un vigoureux coup de botte, il lança sa nouvelle monture dans le maëlstrom.


Ils n'avaient franchi que la moitié de la distance qui les séparaient du talus quand les derniers puits de forages prirent feu. Sitting Wolf cru qu'il allait rôtir sur place. Toute son énergie était à présent consacrée à obliger le sanglier à galoper en ligne droite pour rattraper le reste de ses gars.


Chauffées à blanc par la fournaise, les parois d'acier des gigantesques citernes plantées aux abords de la raffinerie se disloquèrent une à une. Une série de détonations plus violentes encore que les précédentes retentit quand les milliers d'hectolitres d'essence raffinée se consumèrent instantanément, projetant un nuage de poussière, de débris de tôles et de blocs de béton armé à plusieurs kilomètres de distance. Des projectiles incandescents tombèrent en pluie autour de Sitting Wolf qui s'agrippait de toutes ses forces à l'échine du goret tandis que celui-ci gravissant en haletant et bavant la pente du talus ; par miracle ou par la volonté du Grand Esprit aucun ne les atteignit.


Arrivé au sommet, les deux orks regardèrent autour d'eux ; Les officiers de la Garde avaient semblait-il réussi à ramener dans les lambeaux de leur troupe une organisation suffisante pour la réunir et la masse des chevaux fous partait au galop plein sud. Sur leur droite, les orks fonçaient en direction du serpent à deux têtes. Après un instant d'hésitation, Sitting Wolf lança le sanglier vers le sud-ouest. Les zoms n'étaient plus en l'état une menace pour les snakebites de la plaine.


*


**


"Repos !"


Johnson s'assit ; Schteiner l'imita en dévisageant rapidement l'individu qui se tenait face à eux. La cinquantaine, le visage buriné, une barbe épaisse des cheveux grisonnants, une robe de bure noire à l'aspect austère.


"Ma parole, il a l'air encore plus con que l'autre ?" murmura-t-il.


"Un peu de silence messieurs ! Colonel Johnson ! Colonel Schteiner ! Je suis le juge Parker de l'Adeptus Administratum chargé de l'enquête sur la désastreuse opération militaire qui a été menée par le général Custer au nom des forces armées de Bezak-IV. Il m'appartiendra de déterminer les responsabilités individuelles et j'attends de vous une coopération pleine et volontaire. L'opération Monstre Sous La Mer est bien entendu immédiatement interrompue et le général Custer devra être mis aux arrêts pour incompétence. Euh… si quelqu'un sait où il se trouve…"


*


**


Une immense clameur de triomphe et de joie anima l'assemblée des boyz quand Sitting Wolf leva bien haut au-dessus de lui le chef tranché du général Custer; il n'avait pas été difficile de l'identifier parmi les cadavres de zoms qui jonchaient encore le Genou Blessé grâce au grand nombre de décorations ornant son uniforme.


Sitting Wolf s'approcha d'un épais pieu de bois planté dans le sol pour la circonstance et dont l'extrémité supérieure avait été biseautée. D'un geste sec, il ficha la tête du zom dans le bois.


"Voilà c'qu'on f'ra à tous les zoms qui voud'ront d'nouveau nous chasser d'chez nous !" clama-t-il d'un ton à la fois indigné et convaincu. Un "Ouaaaais !" guerrier monta de l'assistance. "Quand ils verront c'poteau, i' sauront qu's'i' veulent c'te plaine, faudra d'abord qu'i' passent su' l'corps des meilleurs gars d'la lune et qu'nous les snakebites, on aura jamais peur de rien ni d'personne ! Par Gork ! Par Mork ! PAR LE GRAND ESPRIT SANGLIER !"


De nouveau, un "Ouaaaais !" puissant fut relayé par des milliers de gorges déjà largement arrosées d'eau-de-feu. Des festivités célébrant la victoire des orks sur leurs envahisseurs s'improvisaient et un groupe de snakebites se rassemblait sur l'invitation des weirdboyz pour brailler "Waa !", "Ork !", "Waaa !", "Ork !", Waaaaa !", "Ork !" en canon sur toutes les intonations possibles. Leur chant mélodieux fut cependant rapidement couvert par les sonorités métalliques et tapageuses d'une bande de stormboyz rebelles aux vieilles traditions qui avait repris leurs instruments dernier cri pour entonner avec force et virulence "Gork Made Heavy Metal".


Sitting Wolf s'éloigna de ses guerriers et revint au sommet du talus ; au loin, les gigantesques puits de forage brûlaient toujours et les cyclopéennes colonnes de feu déversaient dans le ciel un torrent de nuages noirs qui masquaient le soleil.


"On peut commencer ?" demanda-t-il.


Zugrub cracha son mégot et se tourna vers Rufgob. Celui-ci était nonchalamment assis sur une lourde caisse de bois frappée de l'aigle à deux têtes, ses assistants snotlings à ses côtés. Inscrits sur une des planches supérieures, Sitting Wolf déchiffra péniblement trois glyphes humains : Un 'T', un 'N' et un autre 'T'.


Rufgob acquiesça et sauta au bas de son piédestal improvisé. Zugrub ralluma un cigare et reprit :


"C'est moche tout c'pétrole qui crame. On commence quand tu veux grand chef."


<i>There has been much killing !</i>


There will be much more !


The weirdboy is dancing,


He's calling us to war !


Bolters sing with pride !


Let the oomies diiiiie !

(Modification du message : 27-12-2005, 22:03 par Xavier.)

Ah, super, le suite de "Spirit Boar of the Snakebite", mon histoire culte!


Une trrrrrrrès bonne nouvelle, vraiment.


Tu n'a plus qu'a envoyer la seconde partie sur Taran, je crois qu'il en manque un boût sur le site sacré...


Le Rat, retourne voir "Little Big Man".