Citation :
Le 15/04/2018 à 21:44, L`Eternel a dit :
Du peu que j'en sais les charges seraient inférieures à des bombes et de conception differente. Le but n'étant pas de tuer mais de propulser. Apres je ne suis pas assez calé pour donner un vrai avis. Toutefois c'est une bonne piste a mon sens. Comme dit ailleurs, je ne crois pas au développement de l'exploration spatiale, a mon très grand regret.
Homme de peu de foi ;)
Techniquement, l'exploration spatiale n'est qu'une suite d'étapes, sur un chemin ou deux déjà bien balisés.
D'autant qu'on sait maintenant que les distances y importent moins que le milieu.
S'évader de la Terre, quitter le berceau, c'est simplement sortir de la magnétosphère terrestre, et donc mourir, puisque hors de cette protection du champ magnétique terrestre les rayons cosmiques lacèrent notre ADN.
Pour l'instant, nous sommes donc relégués à l'intérieur (orbite de l'ISS) ou aux balades courtes (moins d'une semaine d'exposition pour aller planter un drapeau sur la Lune).
Mais ce n'est pas parce qu'on sait qu'il y a un danger qu'on doit se l'interdire, nous sommes humains.
Deux chemins sont donc actuellement à l'œuvre :
1) la voix directe : on continue sur le même modèle, à envoyer des fusées à combustibles chimiques de plus en plus lourdes projeter directement des vaisseaux vers orbites et surfaces lointaines. Cette voie est viable pour les sondes qui vont s'égayer dans tout le système solaire durant les vingt prochaines années. C'est l'étape de reconnaissance et d'accumulation d'informations.
2) la voie indirecte : sortir de l'atmosphère terrienne, pour rendre moins lourd, et donc moins cher, tout ce qu'on doit envoyer ailleurs.
2) créer donc un "port extérieur". Deux options :
2.a) l'orbite très haute avec un service de livraison économique, autrement dit une sorte d'ISS convertie en chantier naval assemblant le meccano orbité par des fusées récupérables type SpaceX.
2.b) une base fixe sur la Lune, chargée en outre de prélever sur ce satellite de quoi nourrir ce projet.
3) Assemblés hors-atmosphère, les vaisseaux ont besoin de moins de poussée pour le catapultage initial, mais cette poussée (et celle qui sera nécessaire pour ralentir à l'arrivée) demande de nouvelles technologies :
sortir du modèle combustion chimique, car l'éjection des gaz de propulsion des fusées n'est pas assez rapide, régulable et donc pas assez puissant. En outre, le combustible plombe le ratio poids/poussée (plus on va loin, plus il faut partir chargé, donc plus il faut de carburant, donc plus on est chargé).
Il faut donc passer au moteur ionique, qui éjecte des particules grâce à l'electro-magnétisme (voir ci-dessous) avec un ratio bien plus performant.
Pour l'obtenir, le modèle de fission nucléaire est moins intéressant que le modèle de fusion nucléaire.
Deux pistes sont actuellement en cours d'achèvement :
3.a) le moteur à fusion nucléaire, autrement la Z-Machine obtenue par sérendipité (ie par hasard) en 2006 par l'entreprise Lockheed-Martin, fournisseur bien connu de l'armée américaine, et conservée depuis comme secret industriel. En gros, ça ressemble à la centrale nucléaire expérimentale ITER en cours de construction en France, mais en plus petit. La Z-Machine est annoncée comme une centrale nucléaire de la taille d'un semi-remorque, qui recrache de l'hélium. Le pdg de Lockheed a annoncé en 2015 être capable de commercialiser ce moteur pour avions (conventionnels et suborbitaux) et vaisseau spatiaux d'ici 2025.
3.b) le moteur à fusion inertielle, développé dans le cadre du
Innovative Advanced Concept Program des britishs de MSNW et de la NASA : dans une tuyère, on injecte un gaz (du type Hélium-3 abondant sur la Lune) sous forme de plasma (un des quatre états de la matière avec les solide, liquide et gazeux), qui est bombardé chaque minute par les faisceaux d'électrons d'un anneau de lithium qui se comprime. Le voyage Terre-Mars est ainsi réduit à 3 mois (et l'exposition aux rayons cosmiques est ainsi moins longue ; on peut donc envisager de construire en orbite lunaire des vaisseaux plus lourds car bardés de plomb).
A terme, le vide spatial étant en fait plein de trucs dont, parmi les plus abondants, l'hydrogène, l'idée est même de n'emporter que le moteur, et de "moissonner" en route le carburant.
Tout le monde suit pourquoi Trump renvoie l'Amérique sur la Lune ?
L'Helium-3, quasi inexistant sur Terre, a de bonnes chances d'être le prochain pétrole.
La colonisation extra-terrienne poursuit ce même chemin technique (chemin se dit iter en latin, c'est marrant, non ? ;) avec, aujourd'hui, un tel déluge d'informations venant des sondes préalablement envoyées que notre connaissance du système solaire s'en trouve chamboulée, et la logique de sélection de la première colonie également. Après la Lune, Mars demeure cependant en bonne place, malgré son ère glaciaire, à cause de son eau.
Il faut aussi compter sur l'esprit entrepreneurial. Avec des mastodontes comme les GAFAM ou autres multinationales qui concourent ou concurrencent les politiques spatiales d'Etats, le privé s'investit désormais beaucoup et ses logiques s'appliquent : il faut être le premier. Plus sur la Lune, c''est déjà fait, mais à y habiter, y produire, y acquérir des terres... Le premier sur Mars, en orbite d'Europe, à marcher sur une comète...
Considérer l'exploration spatiale comme un désert vide, à conquérir pour rien comme l'Everest, serait amha une erreur : c'est un marché.
Comme l'Arctique en est devenu un, comme l'Antarctique est en passe de le devenir.
Aussi je dis Nous en tant qu'espèce mais il n'y a pas de nous, l'Humanité va rester intrinsèquement asynchrone comme elle l'est socio-économiquement aujourd'hui.
Puisqu'il n'y a dans le système solaire que très peu de planètes/toïdes disposant d'une magnétosphère (hélas Lune et Mars n'en font pas partie) et que nous sommes incapables, pour l'instant, d'en générer une, pas question de s'appuyer sur des stations spatiales de relais.
Il faudra s'enterrer là où nous irons, ce qui revient au même que de construire un vaisseau spatial.
Au mieux, pour éviter les délais de communication Mars-Terre (20 mn), peut-on envisager une station orbitale martienne (avec rotation fréquente d'équipage) pilotant d'abord drones et robots. Ils disposeront alors de la réactivité et de l'initiative humaine pour explorer puis construire l'habitat blindé.
Bref, ne pas croire à l'exploration spatiale n'a plus vraiment de sens aujourd'hui, puisqu'elle a lieu, que s'y investissent des milliards d'euros chaque année, avec des résultats probants.
C'est lent, c'est vrai, peu passionnant pour ceux qui n'ont pas 3 millions d'euros à investir comme touriste dans un week-end en apesanteur ou des enfants à guider vers ces filières et états d'esprit, mais elle a quand même deux enjeux majeurs :
- le principe d'assurance (quoiqu'il puisse arriver à la Terre, d'exogène ou d'endogène, il faut qu'une part de l'Humanité s'en tire, juste pour voir si elle existe pour rien ou pas).
Ce thread doit ainsi changer de paradigme : l'humanisme, par gravitation différenciée, est donc moins antispéciste que bientôt spéciste par importation (et cette responsabilité loin de Mère Gaya sera comme de devenir adulte ? Quelles espèces emmener avec nous ?), notre débat actuel nous y prépare ;
- et Constantin Tsiolkovski, père de l'astronautique russe, qui disait en 1911 : "la Terre est le berceau de l'Humanité, mais personne ne vit sa vie dans son berceau".
Vous qui jouez encore à panpan-laser avec des jouets, méditez là-dessus, frères warmaniens ;)