Boobs Service Vs Déterminisme Social...

Sujet vaste et complexe, parce que c'est difficile d'avoir un avis clair et tranché (pour ma part en tous cas, comme dans bien d'autres sujets).




 




Je pense que notre société est l'héritière de la culture bourgeoise du XIXème ou montrer un talon était déjà considéré comme inconvenant. Et pourtant, les femmes étaient considérées comme d'éternelles enfants à moitié hystériques (il a fallu attendre 44 pour qu'elles votent quand même!). Et c'est cette période qui biaise complètement la vision que l'on a des femmes dans notre société. Au Moyen Age, la nudité n'était pas nécessairement associée à la sexualité. L'intimité n'existait pas ou très peu: on se lavait, on dormait et on se changeait dans des pièces communes, on dormait même dans le même lit. Il y avait des bains mixtes dans nombre de villes jusqu'au XIIème siècle.




 




Dans l'antiquité, là non plus, aucun problème avec la nudité. Mais dans les sociétés grecques et romaines, les femmes étaient avant tout considérées comme des reproductrices. Quand on voulait mettre en avant le corps, l'érotisme, la beauté, c'est le corps masculin qu'on mettait en scène. 




 




Notre époque est à ce titre particulièrement paradoxale: on est les héritiers de la pudibonderie castratrice et frustrante de la société moralisatrice bourgeoise de la Belle Epoque, mais on a rarement vu autant le corps des femmes être dévoilés, déformés jusqu'à l'inhumanité (non la Lionne Rousse là, elle est pas humaine), utilisé pour vendre tout et n'importe quoi. La majorité du net, c'est du porno....etc.




 




Et j'ai quand même l'impression que ce qu'on retrouve à ce niveau dans les jeux de tout types, c'est le même genre d'objectification (pardon pour cette Ségolènerie). De l'érotisme, de la nudité, pas de soucis, mais quand c'est systématique et souvent inaproprié, c'est surtout de l'argument commercial que de l'argument artistique ou culturel. Une femme n'a pas de raison, dans les contextes guerriers que sont nos univers, d'être moins habillées, protégées que les hommes.




 




Genre la logique veut ça:




 








 








 




 




 




Et dans nos univers, on a ça:




 








 




 








 




(désolé pour les images un peu grosses).




 




Le passage à la moulinette du prisme culturel de notre époque est quand même éminemment masculin.




 




Et c'est pareil dans le cas des hommes: ce sont des critères masculins des hommes qui sont mis en avant: force, virilité, puissance, "badassitude".




 




On ne peut pas nier que cette façon de représenter les femmes dans les univers fantasy/sf s'adresse à un public masculin. Maintenant, est-ce moralement dommageable?




 




Un problème, et qui n'est pas forcément très éloigné de notre sujet, c'est aussi la violence de ces univers qui est souvent traité avec légèreté et sur un ton épique bon enfant. Une guerrière comme un guerrier, ce sera plutôt des gens musclés, couturés et plutôt solidement charpentés, hommes ou femmes. Et ce traitement de la violence, qui en fait un sujet pop va de pair avec cette vision de la sexualité est intéressant dans le cadre de ce sujet. On veut du manequin qui joue à la guerre, pas du mec (ou femme) abîmé et terrorisé qui se chie dessus dans une marre de sang et de boue. Et d'ailleurs, les univers que je préfère sont souvent ceux qui jouent subtilement sur la limite entre les deux (et pas du faux dark putassier où l'elfe noir trotrodark se trimballe à poil sur un champ de bataille avec ses seins en plastique et son corps photoshopé), ceux qui utilisent justement ces codes de la culture pop occidentale pour montrer le cradingue qu'il y a réellement sous les thèmes mis en avant.




 




Le soucis vient aussi donc pour moi de la façon dont on a de concevoir la violence et la guerre. On retrouve ça dans d'autres domaines (la reconstitution historique): on part du principe que faire la guerre, c'est cool. Et à ce titre, pourquoi les femmes pourraient pas participer à ce truc cool et tant qu'à faire avec toute la "coolitude" que les hommes. Sauf que faire la guerre, c'est un drôle de privilège. Je serais né dans les années 1880, j'aurais bien échangé ma place avec une demoiselle au 01er août 14 quand même! Historiquement, on a esthétisé et héroisé la guerre pour en faire un truc badass et visuellement impressionnants (aaaah, tous ces froufrous, ces pompons et ces gros flingues!) pour faire passer la pilulle ultra trash de la chose. Que la sexualité s'exprime de cette manière dans la vision culturelle qu'on a de la chose, ça n'est pas étonnant. Le thème de base de la guerre et de la violence est culturellement et historiquement masculin.




 




Pour résumer, je dirais que dans des univers guerriers et violents, il est logique que l'expression de la sexualité soit avant tout masculine... (quant à savoir pourquoi la guerre est la violence sont associées avant tout à une culture masculine, c'est un long débat qui mériterait une discussion à part).




 




Dans un monde où pas mal d'hommes semblent encore avoir un petit problème avec tout ça (violence conjugale, viols, inégalités), je dirais que oui, quelque part c'est un problème (mais pas plus grand que de jouer à des jeux de guerre alors que ça massacre, torture et détruit pour de vrai à tour de bras dans le reste du monde (allez demander aux habitants d'Alep ce qu'ils en pensent là de la guerre et de l'oppression sexuelle des hommes sur les femmes)...




 




Si on se débarrassait enfin de la phallocratie ambiante, ça ne poserait plus de problème. Ce n'est pas, selon mon point de vue, le sexe ou l'érotisme le problème (bien au contraire), c'est le contexte dans lequel ils s'expriment et la vision que l'on en donne.




 




A partir du moment où ça fait du mal à un groupe de personnes ou à son image, c'est de la merde, point!




 




Certes, c'est à relativiser dans le monde des jeux, et je suis le premier à apprécier un certain érotisme quand c'est de bon goût. Donc en fait, je répéterais bêtement ce qui se dit depuis le début: tout dépend comment c'est fait! La paladin en sting en cotte de mailles, non, la guerrière "barbare" aussi peu vêtu que son homologue masculin, oui, un personnage féminin qui possède un charme important tant que c'est pas putassier pourquoi pas.




 




 




 




Mais c'est clair qu'entre la princesse à oualpé de Conan ou la Arwen potiche de Tolkien (ceci dit lui a un gros élément de rattrapage avec des personnages comme Luthien, Galadriel ou encore plus Eowyn), ben je dirais que comme tout, cette culture est le reflet de son temps, avec ses travers et ses qualités. Qu'on aime ou qu'on aime pas, c'est un autre problème. De toute façon, pour tout, y aura toujours moyen de trouver quelqu'un qui se choquera et qui criera au loup.




 




 




pfffouuuu, me suis laissé allé (pas de mauvaise blague vu le sujet qui nous occupe!), désolé pour le pavé.