Aux Postes de Combat - Yeager

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- Monsieur Thomas, situation de l'Intrépide ?

La voix du commandant du FSU Fidèle était calme mais les officiers qui le connaissaient bien perçurent un fond d'inquiétude derrière l'ordre sec donné à l'enseigne responsable de la communication.

- Ils ne fonctionnent plus que sur un seul générateur, monsieur. Armement détruit à 65%, lourdes pertes d'équipage, CentOps réduit à 32% d'efficacité, l'amiral est actuellement au bloc chirugical.

Autant dire qu'ils étaient hors jeu. Le navire-pavillon du contre-amiral Sorge s'était remarquablement bien battu et avait détruit deux croiseurs du Protectorat mais il ne pourrait guère faire davantage dans son état actuel.
De la fière escadre qui avait engagé l'ennemi, il ne restait désormais plus que le Fidèle et le Chevalier, une frégate qui était au prise avec l'une de ses homologue adverse à plus de 3 minutes lumière. Sur son tac-holo, le commandant Mannings observait le croiseur lourd vers lequel son navire se dirigeait à vitesse de combat. Toute personne dotée d'un minimum de bon sens savait que son modeste croiseur léger n'avait aucune chance contre pareil mastodonte. Bon dieu, l'autre alignait presque deux fois plus d'armes et possédait un blindage largement supérieur ! Son seul avantage résidait dans sa vitesse mais dans une confrontation frontale, elle était de peu d'importance. Il pouvait accélérer pour augmenter sa vitesse relative et ainsi réduire l'efficacité des tirs adverses en s'éloignant mais dans ce cas, l'ennemi aurait beau jeu d'achever l'Intrépide. Même en admettant que le Chevalier remporte son duel et viennent l'appuyer, le croiseur lourd adverse gardait un net avantage en tonnage et armement. Et quoiqu'il en soit, il était impensable d'attendre un éventuel renfort du Chevalier pour sauver l'Intrépide.

Dans la plus pure tradition de la Spatiale, le commandant Mannings donna ses ordres d'une voix claire et qui ne laissait aucune place au doute.

- Poursuivez en vitesse de combat, monsieur Webster. Monsieur Philips, dés que nous serons à portée, ouvrez le feu avec la batterie de chasse.

Il ne lui restait qu'une batterie à projectiles solides opérationnelle sur l'avant de son navire, l'autre ayant été détruite par un tir de graser lorsqu'il s'était interposé entre l'Intrépide blessé et la frégate adverse désormais prise à partie par le Chevalier. Pour la seconde fois en quelques minutes, son bâtiment était le seul obstacle entre le navire amiral et l'ennemi. Sauf que cette fois, l'ennemi était bien plus gros.

Une volée de missiles jaillit de la proue du navire du Protectorat et Mannings se mordit la lèvre. Ce commandant était loin d'être un idiot et il avait retenu son feu suffisamment longtemps pour que ses missiles soient tirés à une portée qui rendrait leur interception bien plus compliquée pour les hommes de Mannings.

Trois missiles parvinrent à déjouer les défenses électroniques tandis qu'Henley, son officier tactique, s'efforçait de les stopper. Deux furent détruits par le feu de ses défenses rapprochées mais le dernier atteignit son objectif. Le FSU Fidèle fut brutalement secoué et quelques secondes plus tard, Henley faisait son rapport de situation d'une voix blanche.

- Perte de blindage sur Graser 2, le générateur Beta est touché mais tient bon. Moteur 3 endommagé, compensation engagée sur moteur 1, contrôle des dommages 2 a été entièrement détruit, monsieur.

Mannings venait de perdre au moins 15 membres d'équipage, l'un de ses moteurs était endommagé et enfin l'une de ses bordées était désormais terriblement vulnérable. Les dégâts auraient pu être bien plus handicapants. Il refusa de penser au fait que Graser 2 se trouvait dangereusement prés de sa passerelle et qu'un prochain coup à cet endroit signifierait probablement une destruction totale de sa passerelle.

- A portée de tir, monsieur annonça Philips.

Le commandant n'eut même pas à ordonner le feu, Philips avait eu ses ordres et la batterie avant avait tiré avant même que l'enseigne eu fini sa phrase. Les dommages furent minimes mais Mannings n'en espérait pas grand chose.

- Nous les croiserons dans 2 minutes, monsieur.

Webster avait raison, du fait de leurs vitesses conjuguées, les deux vaisseaux se fonçaient littéralement l'un sur l'autre et dans moins de deux minutes, le Fidèle allait croiser l'ennemi à moins de 10.000 km de distance. Et là, les monstrueuses bordées adverses feraient de son navire une épave. A moins que ...
Il hésita une seconde, peut-être deux et appuya sur l'intercom général.

- Ici le commandant, ordre d'urgence à tout l'équipage : Aux postes de sécurité, je répète, aux postes de sécurité !

Relâchant l'intercom, il s'adressa à ses officiers de pont

- Philips, Webster, exécutez mes prochains ordres sans attendre confirmation.  Nous allons leur faire un Yeager.

Le visage du capitaine de vaisseau Mannings avait pris un air féroce tandis qu'il donnait ses ordres. Une sirène stridente retentit dans tout le navire et tous les hommes d'équipage qui n'étaient pas déjà sanglés dans un fauteuil se ruèrent vers les sièges de sécurité spécialement placés à cet effet dans toutes les sections du navire depuis son dernier radoub. A l'exception du commodore Yeager lui-même, personne n'avait encore testé la manœuvre en situation de combat. Et plus de la moitié de l'équipage de Yeager était mort en effectuant cette manoeuvre songea douloureusement Mannings.

En théorie, l'affaire était simple : une décélération brutale à courte distance de l'ennemi pour perturber ses ordinateurs de tir et diminuer brusquement la vitesse relative pour augmenter son corollaire, la précision de tir. Le tout suivi d'une pleine bordée sur l'ennemi. Tout le problème étant de freiner comme un dingue sans être écrasé par une pression que le compensateur inertiel ne pouvait gérer. Et de reprendre ensuite très rapidement ses esprits avant que l'ennemi ne comprenne la situation et vous décoche des tirs que vous ne pourrez éviter alors que vous évoluez à faible distance avec  une vitesse proche de celle d'un escargot telaxien ! Et pour couronner le tout, le pire restait à venir : tout membre d'équipage qui ne serait pas lourdement sanglé au moment de la manœuvre serait inévitablement projeté contre la paroi la plus proche et le choc détruirait à coup sûr ses organes internes. Mais bien entendu, le nouveau générateur inertiel construit par monsieur Colson devait régler tout çà et permettre un tir quasi-immédiat après la décélération. En théorie du moins. 

Trente secondes plus tard, l'enseigne Henley averti le commandant que la majorité des sections s’annonçaient aux postes de sécurité. Certains sections endommagées n'avaient pu rapporter leur état et Mannings pria pour que toutes les sections de son navire ait reçu et appliqué son ordre.

- Monsieur Webster, décélération d'urgence, compensateur inertiel auxiliaire à pleine puissance.

Le FSU Fidèle activa brutalement tous ses systèmes de freinage d'urgence et malgré le compensateur inertiel auxiliaire ajouté au navire, Mannings eu l'impression qu'un éléphant venait de lui défoncer la cage thoracique. Il avait déjà effectué des décélérations d'urgence à l'exercice bien sûr mais à ce moment là, aucun navire ennemi ne pointait cinq batteries de bordées sur lui !

Le compensateur auxiliaire joua néanmoins son rôle et conjugué à l’entraînement intensif que Mannings avait fait subir à son équipage les hommes purent surmonter la brutale perte de vitesse bien plus rapidement que cela n'était normalement possible. Le croiseur adverse venait de lâcher une pleine bordée mais celle-ci passa loin devant le Fidèle, exactement là où il aurait dû se trouver si il avait poursuivi à vitesse constante.

Un sourire sinistre dans la voix, le pacha se tourna vers son officier de tir et s'autorisa un ordre fort peu réglementaire.

- Foutez-les moi en l'air monsieur Philips ! 
- Pleine bordée tribord, commandant répondit immédiatement Philips

Trois graser, des armes ayant une portée courte mais une capacité de destruction sans pareille, libérèrent de puissants rayons d'énergie sur le navire ennemi. Les grasers sont impossibles à brouiller et se déplacent à la vitesse de la lumière. A une aussi faible distance, l'ennemi fut touché de manière quasi-instantanée. 
Philips connaissait son boulot et il avait décalé le tir de graser 2 d'un dixième de seconde et les ordinateurs prendraient en compte le décalage spatial. Le contrôle de cible ayant alloué la même section adverse aux deux grasers, le premier vaporisa le bouclier ennemi ainsi qu'une grande partie de son blindage physique tandis que le second passa juste après pour s'enfoncer au cœur du croiseur lourd. Les dommages furent inouïs et le croiseur adverse fut traversée de part en part par le rayon du graser, tuant plus d'une centaine d'hommes sur son passage. Mannings l'ignorait mais son tir venait de sectionner tous les câbles de régulation du générateur central adverse. Moins de trois secondes après le tir, une explosion coupa en deux le puissant croiseur lourd.

- Retour à la vitesse de combat, sortez-nous de là !

Quelques batteries ennemies avaient eut le temps de recharger et s'acharnèrent à lancer quelques missiles mais les tirs furent si sporadiques et désorganisés que le Fidèle put aisément les éviter. Moins d'une minute plus tard, les tirs avaient cessés et la moitié avant de ce qui fut un navire deux fois plus gros que le Fidèle implosa totalement. La seconde moitié perdait de l'air et commençait doucement à dériver.

Il l'avait fait ! Pour la première fois, un commandant de la Fédération avait utilisé le tout nouveau système de compensateur inertiel auxiliaire Yeager-Colson au combat et un simple croiseur léger venait de détruire un croiseur lourd qui atteignait le double de son tonnage ! Sa joie fut toutefois de courte durée.

- Monsieur Henley, situation du bord ?
- Trois sections n'ont pas reçu l'alerte de sécurité ou n'ont pas pu l'appliquer à temps, monsieur. 32 morts, 37 urgences absolues et 63 blessés. Le docteur Phelps a activé le plan médical rouge et les réservistes médicaux sont déjà au travail commandant.

Un cinquième de son équipage était mort ou gravement blessé et un autre cinquième passerait au moins quelques heures à l'infirmerie. En comptant les pertes précédentes et les hommes que son médecin-chef venait à juste titre de réquisitionner, il lui restait à peine 40% de ses hommes pour la conduite du navire. Oui, il avait vaincu et l'ennemi avait perdu près d'un millier d'hommes dans la destruction du croiseur lourd. Mais le prix à payer par le FSU Fidèle avait été lourd.

- Mettez-nous sur une trajectoire d'interception monsieur Webster, nous allons soutenir le Chevalier.
(Modification du message : 10-07-2018, 15:53 par Alias.)
C’est super bien écrit. Ça se lit comme un bon roman de SF. T'as le début ? ... Et la suite ? Voir la fin ?
;p
(05-07-2018, 18:24)GeyseR a écrit : C’est super bien écrit. Ça se lit comme un bon roman de SF. T'as le début ? ... Et la suite ? Voir la fin ?
;p

Merci :-)

Il n'y a pas vraiment de début ou de suite mais il est très probable que d'autres nouvelles dans le même univers suivent si les gens aiment bien celle-là. J'écrirai peut-être un jour le début de cette courte nouvelle mais l'idée était surtout d'avoir un "momentum". Pour la fin, elle se résume très vite : une frégate et un croiseur léger contre une seule frégate.... la frégate isolée tente de fuir car elle n'a aucune chance (le croiseur léger est environ trois fois mieux armé qu'elle). Je pourrais broder mais en substance, la bataille est finie. Bon après, ce n'est sans doute pas la dernière bataille du Capitaine de Vaisseau Mannings...
(05-07-2018, 18:46)Alias a écrit : Bon après, ce n'est sans doute pas la dernière bataille du Capitaine de Vaisseau Mannings...
C'est en ça que je parlais d'une début, d'une suite et d'une fin .... un roman quoi .
;p
C'est mimi tout plein.
C'est un univers perso ? Un jeu quelconque ? Une parodie de ST ?

le squat
oh, un récit
(05-07-2018, 19:25)la queue en airain a écrit : C'est mimi tout plein.
C'est un univers perso ? Un jeu quelconque ? Une parodie de ST ?

le squat
oh, un récit


Alors c'est un univers perso mais qui est (comme presque toujours) fortement influencé par ce qui existe. La première source reste David Weber et l'univers d'Honor Harrington (d'où le titre en hommage), surtout pour la partie technique et militaire qui est au coeur de cette première nouvelle. Après, y'a aussi un peu de Star Trek même si c'est peu présent dans cette nouvelle (çà se verra plus dans d'autres). Evidemment, difficile de ne pas citer l'influence d'Azimov car c'est pour moi un auteur de référence bien au-delà des robots qui ne sont que la pointe de l'iceberg de son oeuvre.

Bref, c'est du perso sous influence ^^

Pour la question sur le jeu... disons qu'un jeu dans l'univers est une possibilité qui a du potentiel. Un jeu d'escarmouche (et non de grosses batailles) spatiales avec des morceaux d'influence MOW dedans, çà pourrait être sympa. Façon règle seule et fig de toutes gammes utilisables.

La parodie, non du tout. Et rien à voir avec 40k, c'est du tout le même genre de trip.
Edit et changement du titre ainsi que de quelques détails mineurs dans le texte pour qu'il soit raccord avec un second texte que je viens de poster. Je mettrait désormais "Aux Postes de Combat" sur chaque texte lié à cet univers pour que ca soit facilement identifiable.
C'est pour que ma pub pour ton honorable personne tombe à l'eau que tu le renommes comme ça ?
Mesquin, va.

le squat
bien, yaura des suites

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