Migrer vers l'ailleurs : le départ en fanfare

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[img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_biggrin.png[/img] (C'était peut être pas ma semaine la plus productive au bureau...)




 




Ok, je reformule :




"Une partie des exploitants qui cherchent à préserver leurs sols ne savent pour le moment pas le faire sans glyphosate."




 




Ce n'est vraisemblablement pas, actuellement, l'utilisation principale du glyphosate.




 




A mon avis, le roundup à deux intérêts : l'agriculture de conservation dans une optique de non travail du sol comme on vient de le voir, et servir de filet de sécurité quand tu rates ton désherbage mécanique.









 




 




Tiens, ça me fait penser à un truc. Il y a quelques années, j'étais chez un pépiniériste de sapins de Noël. Celui-ci m'avait raconté qu'ils attendaient l'été pour que les plants soient "aoûtés" (les aiguilles n'absorbent alors plus le glyphosate) avant de passer toute la parcelle au roundup pour tenir tout ça propre. T'y penseras pour ton prochain noël! [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_wink.png[/img]



Citation :
il y a 26 minutes, Boulicomtois a dit :




[img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_biggrin.png[/img] (C'était peut être pas ma semaine la plus productive au bureau...)




 




'dépend pourquoi (si c'était pour me casser le moral, c'est réussi ;)




Et rien ne m'est épargné :




 



Citation :
il y a 27 minutes, Boulicomtois a dit :




<span><span><span><span>T'y penseras pour ton prochain noël! [img]<fileStore.core_Emoticons>/emoticons/default_wink.png[/img]</span></span></span></span>




 




Je n'en ai qu'une chose à dire, p... de b... de m... !




 




Mais, même s'il tombe trop souvent du côté où il penche, je reste confiant dans l'Homme, et notamment l'agriculteur français, plus gros consommateur de glyphosate d'Europe, mais qui, comme tout bon Warmanien, reste propice à une autre forme de guerre : le biocontrôle.




 




Bon, si j'en crois l'INRA de Sophia-Antipolis (qui abrite à côté de Nice les bunkers d'étude des Ravageurs et des Auxiliaires), nous n'en sommes encore qu'au palier des serres, 5% du marché, mais le biocontrôle a représenté 20% de toutes les Autorisations de Mise sur le Marché l'année dernière (quand les phytosanitaires sont tombés de 30% depuis 10 ans), nananananèr-euh !




 




Les châtaigniers étaient ravagés par une micro-guèpe chinoise, son parasitoïde a été déniché en 2010 dans l'Empire du Milieu et lâché en France chaque année depuis.




Du coup, la production a retrouvé son niveau d'il y a dix ans.



[img]<fileStore.core_Attachment>/monthly_2018_06/Torymus_sinensis1448.jpg.23a08305c9fa0f7cdf5bdfb3d366d2cb.jpg[/img] 


Coucou copain ! Le Torymus sinensis, qui pond ses œufs dans les larves des micro-guêpes


(Adeptus Auxiliare de l'Agrowar, cynips vs cynips, dans la Grande Guerre d'Importation Chinoise actuellement en cours dans nos vergers ;)



 




Connues pour défendre le maïs (lequel appelle au secours en émettant une odeur spécifique désignant la cible !), une autre micro-guêpe (- de 1 mm), le trichogramme, pourrait bientôt protéger le riz, la canne à sucre ou les tomates contre d'autres de leurs congénères, les pyrales. Comment ?  En le formant (génétiquement) à reconnaître ces SOS.




 



[img]<fileStore.core_Attachment>/monthly_2018_06/tricho.jpg.38f6efcd3aea1d1e63e65b12a7b9d2a8.jpg[/img]


- "Un quoi, mon lieutenant ?


- Un xénomorphe. Un seul de ces trichogrammes a suffi à décimer mon essaim de pyrales, bordel !"



 




Mais ce n'est que le début : le carpocapse, une salope de larve qui se repait de nos pommes, et le drosophile asiatique Suzukii qui dézingue nos cerises et nos fraises vont bientôt rencontrer (premiers lâchers en 2019) Mastrus Ridens, une kazakh :



[img]<fileStore.core_Attachment>/monthly_2018_06/Mastrus.jpg.df64dccb492a8a8a00851312686dc8b8.jpg[/img]



 




et (en 2020 car ce n'est pas encore dit que ces renforts n'aient pas d'autres impacts colatéraux sur la biodiversité)  Ganaspis :

 



[img]<fileStore.core_Attachment>/monthly_2018_06/1128477-photographie-fournie-par-l-inra-montrant-des-micro-insectes-prise-le-30-mai-2018-a-sophia-antipolis-.jpg.68bf3f5c3b32bb9edea7778877b25a41.jpg[/img]


 



qui va défendre les cerises sans les risques d'intoxication chez les enfants par le diméthoate, l'insecticide recommandé jusqu'alors mais enfin interdit en France depuis 3 ans. Espagne, Italie et désormais Turquie ont depuis fait de même.




 




Plus présents que les insectes dans l'industrie du biocontrôle, les champignons, véritables usines à molécules, sont également mobilisés avec en cibles imminentes le mildiou des vignes et des tomates, les fusarioses du blé.




 




Selon la Fédération Nationale des Agriculteurs Multiplicateurs de Semences (association de la FNSEA spécialisée en semences), les graines de mauvaises herbes sont actuellement maitrisées à 10% par le désherbage mécanique, 20% par la biocontrôle et 70% par les produits chimiques.




D'ici 2030, notamment grâce à la baisse des coûts des robots, ces chiffres devraient passer à 30% de désherbage mécanique et intelligent, 35% de biocontrôle et 25% de phytosanitaires.




 




Alors, vous soutenez ?




 


Vous dormez bien en ce moment ?
Oui ?
Et bien, pour y pallier, j'ai ci-dessous quelque chose pour vous Wink

Le 2 octobre dernier, dans la revue de référence Science, un article d'alerte (http://science.sciencemag.org/content/362/6410/35) signé par quelques beaux noms de scientifiques et de juristes, a rebondi sur l'une des dernières révélations du Washington Post (https://www.sciencealert.com/pentagon-bi...-bioweapon) : le programme Insect Allies.

Qu'est-ce ? La DARPA (le centre de recherche de l'US Army) enrôle désormais des insectes, de très communs pucerons, cicadelles et aleurodes, bien connus pour leur rôle de diffuseur de virus, afin de modifier justement les virus pouvant être "naturellement" propagés par ces "agents horizontaux d'altération génétique de l'environnement".
L'objectif ? Assurer la sécurité nationale et surtout alimentaire des Etats-Unis en palliant ainsi à de mauvaises récoltes, lorsque celles-ci sont occasionnées par un agent pathogène, une sécheresse, des inondations, le gel et des "menaces introduites par des acteurs étatiques et non-étatiques" (lire : des terroristes).
Comment ? Le virus personnalisé colporté par l'insecte combat l'infection ou relance le gène de croissance de la plante (blé, maïs...) pour une saison. La DARPA précise en effet qu'elle n'envisage pas de toucher aux cellules germinales des plantes, afin d'éviter toute modification héréditaire.

Cool, mais pourquoi l'alerte dans Science ?
En gros, parce que l'agriculteur est un gars pratique : faut vraiment attendre une attaque terroriste pour pallier ainsi à un mauvais climat ? (voir fin de ce post).
En gros, parce que l'insecte n'obéit pas au POTUS, ze Président Of The United States (ne respecte pas le cadastre et risque de transmettre son colis au champ bio voisin, voire à un pays voisin).
En gros, parce que ce procédé de défense-réaction peut tout aussi bien se pratiquer en attaque-destruction (comme alerte également la revue du MIT : https://www.technologyreview.com/s/60293...or-threat/).
En gros, parce que des outils bon marché de modification génétique comme CRISPR permette de réaliser ça quasiment dans son garage (comme l'ont prouvé, bien imprudemment, deux chercheurs de l'université d'Alberta en publiant cette année comment recréer le virus de la variole, pourtant considéré comme éradiqué par l'OMS depuis 1980, pour 100 000 $ : https://journals.plos.org/plosone/articl...ne.0188453).

Les recherches dites "cas9" (financées par la fondation Bill Gates et... la DARPA) menées via le ciseau moléculaire CRISPR sur les moustiques vecteurs de paludisme, zika et autres chikungunya ont abouti à un nouvel outil : le forçage génétique (gene drive), qui permet désormais d'imposer une modification de gène à 100% d'une espèce en 12 à 15 générations (https://www.nature.com/articles/nbt.4245...ngnews.com).
Il suffit de relâcher 10 individus modifiés dans une population de 100 000 et, en gros, les femelles mosquitos cessent d'infecter les gens lorsqu'elles piquent, en fait ne parviennent plus à se reproduire/léguer leurs gènes. Les mâles seuls transmettent la "correction" à des femelles saines, y compris cousines. Toutes continuent toutefois d'être ingérées par leurs prédateurs (chauve-souris par ex.) qui, à leur tour, intègrent la modification.
Oui, oui (relisez bien).
Et on s'aperçoit ainsi que les génomes modifiés par CRISPR-cas9 franchissent la barrière des espèces, pouvant entrainer comme dommages colatéraux de flinguer la reproduction des prédateurs, laissant l'espèce modifiée sans régulateur naturel, ou de faire tâche d'huile vers des moustiques ne transmettant rien, mais piquant quand même, ce qui insère également l'ADN modifié dans l'organisme piqué.

En septembre 2017, la première licence agricole CRISPR-cas9 a été accordée à l'entreprise Monsanto, avec toutefois la réserve de ne pas utiliser la technique de gene drive.
Vous y penserez en allant vous coucher ce soir.
Les nuits blanches sont de toutes façons les plus claires Wink
Les OGM traditionnels resteront toujours plus fiable que le moindre insecte incontrôlable.
Par contre, faire des lâcher d'insectes aux virus amélioré ferait une bonne arme, mais ça fait un moment déjà que l'on fait se genre de saloperie (dés le Moyen Âge, c'est dire)