Oui, même si ça reste très Anglais, très stoïque. On ne verra jamais les Anglais d'aujourd'hui manifester comme les gilets jaunes. La tension est palpable au gouvernement : tous les mercredi midi, la BBC retransmet les Questions du Parlement avec le/la premier ministre, ils ne font que parler de ça depuis des mois mais sont incapables d'atteindre un consensus, même au sein de leurs propres partis. Et personne ne semble se soucier que la date limite est dans à peine trois semaines. Tous les jours à la radio on entend un sujet lié au Brexit.
Au niveau boulot, même si ça affecte mon industrie, ça ne m'affecte pas directement : je bosse avec des sites hors UK et mon domaine est suffisamment peu (re)connu pour me faire dégager au profit d'un gars du coin.
Et puis bon, en tant que Français, en dehors des poncifs et des idées préconçues habituelles (sur lesquelles je joue, d'ailleurs), on n'est pas à plaindre : nous sommes relativement bien acceptés même s'il reste selon les gens une petite rivalité (historique ou sportive, j'ai pris cher avec le début des 6 Nations) et seuls les ex-pays du Commonwealth et les Irlandais bénéficient d'une meilleure image localement.
Au jour le jour, on voit les prix qui commencent à augmenter sur certains produits, les Brexiters mettent tous les immigrés dans le même sac (mais ne sont pas prêts à faire les boulots que les immigrés acceptent, comme d'habitude) ; on en revient toujours à la mentalité insulaire de la Grande-Bretagne. Quoi qu'on en dise, ils n'ont jamais fait partie de l'Europe, du moins dans leur tête, et beaucoup continuent à penser qu'ils pourront imposer leurs conditions à l'Europe et au marché mondial comme avant (parce que... suspense... l'Angleterre avait l'Europe derrière elle...), ou qu'ils feront une union douanière avec les pays du Commonwealth (dont certains pèsent plus lourds qu'eux dans l'économie mondiale ; vieux réflexe de colonisateur).
On doit aussi s'inscrire auprès du gouvernement pour obtenir un statut de "Résident" (à partir de 5 ans en UK) pour bénéficier des allocations et du panel complet de la NHS (la Sécu anglaise). Tout en justifiant que tu payes tes impôts ici, que tu passes plus de 6 mois par an dans le pays et tout. Si tu passes plus de deux ans hors du pays, tu perds tout. Pas trop le choix, je vais le faire, mais l'idée de devoir appartenir à une liste alors que je suis citoyen européen me donne un après-goût très amer. J'ai l'impression que je ne serai jamais qu'un citoyen de seconde zone dans le pays.
Autre exemple concret, une de mes amies est Polonaise. Elle a fait ses études supérieures en Angleterre, a commencé sa vie professionnelle là-bas, envisageait d'acheter et a même passé l'examen de citoyenneté britannique (un passeport anglais ouvre plus de portes qu'un polonais). Elle a passé environ 10 ans ici. Après le vote pour le Brexit (et des agressions anti-Polonais), elle m'a dit qu'elle sentait un net changement, qu'elle ne se sentait plus bien acceptée dans ce pays. Couplé à un burn-out au travail, elle a tout plaqué et est retournée vivre en Pologne sans un regret. C'est un exemple de l'impact que le Brexit a sur les travailleurs étrangers implantés au Royaume-Uni.
(Modification du message : 10-03-2019, 00:14 par Paps.)
Au niveau boulot, même si ça affecte mon industrie, ça ne m'affecte pas directement : je bosse avec des sites hors UK et mon domaine est suffisamment peu (re)connu pour me faire dégager au profit d'un gars du coin.
Et puis bon, en tant que Français, en dehors des poncifs et des idées préconçues habituelles (sur lesquelles je joue, d'ailleurs), on n'est pas à plaindre : nous sommes relativement bien acceptés même s'il reste selon les gens une petite rivalité (historique ou sportive, j'ai pris cher avec le début des 6 Nations) et seuls les ex-pays du Commonwealth et les Irlandais bénéficient d'une meilleure image localement.
Au jour le jour, on voit les prix qui commencent à augmenter sur certains produits, les Brexiters mettent tous les immigrés dans le même sac (mais ne sont pas prêts à faire les boulots que les immigrés acceptent, comme d'habitude) ; on en revient toujours à la mentalité insulaire de la Grande-Bretagne. Quoi qu'on en dise, ils n'ont jamais fait partie de l'Europe, du moins dans leur tête, et beaucoup continuent à penser qu'ils pourront imposer leurs conditions à l'Europe et au marché mondial comme avant (parce que... suspense... l'Angleterre avait l'Europe derrière elle...), ou qu'ils feront une union douanière avec les pays du Commonwealth (dont certains pèsent plus lourds qu'eux dans l'économie mondiale ; vieux réflexe de colonisateur).
On doit aussi s'inscrire auprès du gouvernement pour obtenir un statut de "Résident" (à partir de 5 ans en UK) pour bénéficier des allocations et du panel complet de la NHS (la Sécu anglaise). Tout en justifiant que tu payes tes impôts ici, que tu passes plus de 6 mois par an dans le pays et tout. Si tu passes plus de deux ans hors du pays, tu perds tout. Pas trop le choix, je vais le faire, mais l'idée de devoir appartenir à une liste alors que je suis citoyen européen me donne un après-goût très amer. J'ai l'impression que je ne serai jamais qu'un citoyen de seconde zone dans le pays.
Autre exemple concret, une de mes amies est Polonaise. Elle a fait ses études supérieures en Angleterre, a commencé sa vie professionnelle là-bas, envisageait d'acheter et a même passé l'examen de citoyenneté britannique (un passeport anglais ouvre plus de portes qu'un polonais). Elle a passé environ 10 ans ici. Après le vote pour le Brexit (et des agressions anti-Polonais), elle m'a dit qu'elle sentait un net changement, qu'elle ne se sentait plus bien acceptée dans ce pays. Couplé à un burn-out au travail, elle a tout plaqué et est retournée vivre en Pologne sans un regret. C'est un exemple de l'impact que le Brexit a sur les travailleurs étrangers implantés au Royaume-Uni.